Au Royaume-Uni, Keir Starmer a (encore) oublié qu’il était Premier ministre, malgré l’actualité intense
Le locataire du 10 Downing Street s’adressait à son prédécesseur, Rishi Sunak, devant le Parlement. Et il ne s’est visiblement pas encore fait à sa nouvelle place.
ROYAUME-UNI - Oh dear ! Keir Starmer n’aurait-il pas encore pris conscience qu’il était arrivé à la tête du gouvernement britannique ? Le locataire du 10 Downing Street, en poste depuis deux mois jour pour jour, s’est adressé à son prédécesseur Rishi Sunak en le qualifiant de « Premier ministre » ce mercredi 4 septembre à la Chambre des communes britannique. L’erreur a été d’autant plus remarquée qu’il l’a faite non pas une, mais cinq fois. Ou plutôt six fois, si l’on tient compte de la gaffe similaire faite il y a un peu plus d’un mois.
Keir Starmer, nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, a suivi la stratégie du « vase Ming »
Lors de la séance hebdomadaire des questions à la Chambre, Keir Starmer a été interpellé par Rishi Sunak au sujet de la décision de son gouvernement de suspendre certaines livraisons d’armes à Israël. L’annonce faite lundi, motivée par les conclusions d’un examen légal qui a estimé qu’il existait « un risque » qu’elles soient utilisées en violation du droit humanitaire international dans le conflit à Gaza, a suscité des critiques d’Israël mais aussi de l’opposition conservatrice.
Pour expliquer que cette décision est bien « légale », Keir Starmer a indiqué qu’il en avait discuté avec ses alliés. « Le Premier ministre sait comment cela marche », a-t-il lancé à Rishi Sunak. « Le cadre légal est clair […] nous devons examiner les licences d’exportation d’armes […] Il s’agit du même test pour chaque licence, comme le sait bien le Premier ministre », a-t-il poursuivi. En tout, l’actuel Premier ministre a fait cinq fois la même erreur, comme le montre le montage de Times Radio ci-dessous.
Who’s in charge here?
Keir Starmer slips up and calls Rishi Sunak prime minister five times at PMQs. pic.twitter.com/Su1MzI9Qre— Times Radio (@TimesRadio) September 4, 2024
Sa méprise n’a, au départ, suscité aucune réaction de la part de son auditoire. C’est au bout de la cinquième occurrence qu’un brouhaha – habituel à la Chambre où les échanges sont parfois houleux – s’est fait entendre. « Le chef de l’opposition », s’est alors corrigé Keir Starmer, tentant de reprendre le contrôle de son discours en réaffirmant qu’il s’agit « d’un sujet sérieux ».
« Les vieilles habitudes ont la vie dure »
Dans une ambiance bien plus décontractée, le chef du gouvernement s’était déjà emmêlé les pinceaux le 22 juillet, avant la pause estivale à la Chambre des communes. « Au sujet du point soulevé par le Premier ministre… le chef de l’opposition », s’était-il alors immédiatement corrigé, deux semaines et demie après son élection. « Les vieilles habitudes ont la vie dure », avait-il ironisé, lui qui avait pris l’habitude depuis 4 ans d’interpeller le Premier ministre depuis le siège d’en face.
"Old habits die hard"
PM Keir Starmer mistakenly refers to Rishi Sunak as prime minister in the Commons
https://t.co/WnTvObpWf8 pic.twitter.com/4MEQlMeyCs— BBC Politics (@BBCPolitics) July 22, 2024
Sa nouvelle gaffe ce mercredi n’a pas manqué d’alimenter les critiques de ses adversaires politiques sur les réseaux sociaux. « Le Premier ministre sait-il qu’il est Premier ministre ? », interroge l’un d’eux sur X (anciennement Twitter). « Il sait qu’il ne va pas rester Premier ministre très longtemps », juge un autre.
Les sujets d’actualité n’ont pourtant pas manqué, depuis le 4 juillet, pour rappeler le travailliste à ses obligations. Si Israël a été l’un des dossiers brûlants de cette séance de questions, cette dernière a aussi été dominée par la décision du gouvernement de couper certaines aides au fioul de chauffage en hiver, et par la publication d’un rapport d’enquête accablant sur l’incendie de la tour Grenfell à Londres en 2017. « Cela n’aurait jamais dû arriver », a déclaré Keir Starmer depuis le parlement, en présentant ses excuses « au nom de l’État britannique ». Ce drame, dans lequel 72 personnes sont mortes, a traumatisé le Royaume-Uni.
Le Premier ministre, qui a fait sa première visite à l’étranger à Berlin et Paris en août, a également dû faire face à une crise d’ampleur avec les violences racistes et islamophobes qui ont secoué le Royaume-Uni cet été. Pour y répondre, Keir Starmer, ancien directeur du parquet, a notamment activé la machine judiciaire pour tenter de dissuader les émeutiers de poursuivre les violences.
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