Au Québec, des “traumavertissements” pour une lecture sans accroc

Dessin de Falco, Cuba.

Les avertissements et les trigger warnings [TW] se détectent maintenant dans le monde du livre québécois. Certains éditeurs les réfutent par crainte d’infantiliser le lecteur. D’autres les ajoutent désormais pour prévenir d’un récit choc et de contenus sensibles, ou encore par bienveillance envers le lecteur, pour le protéger d’une mauvaise surprise, ou pour recontextualiser un livre. Ou encore, avec une paradoxale ironie, pour se moquer des trigger warnings.

Le dernier roman de David Goudreault, Maple [Stanké, 2022], s’ouvre sur un TW inusité : “Cette œuvre de fiction déborde de violence, de références explicites au racisme, au multiculturalisme, à l’homophobie, à la claustrophobie, aux drogues dures, à la misandrie, à la misogynie, à l’exploitation sexuelle, aux homicides, aux féminicides et au suicide.” “Lecteurs sensibles, abstenez-vous. À l’aventure !” termine l’auteur qui a proposé ce TW “pour se moquer du climat de vertu et de bien-pensance qui prend place dans le milieu”, indique Marie-Ève Gélinas, directrice littéraire fiction chez Librex.

Aux éditions La Mèche, l’ouvrage Y avait-il des limites si oui je les ai franchies mais c’était par amour ok [Le Nouvel Attila, 2023], de Michelle Lapierre-Dallaire, est le seul livre avec un TW, posé aussi à la demande de l’autrice. “C’est un livre qui est vraiment brutal, développe l’éditeur Sébastien Dulude, bouleversant, très, très difficile à lire.” Pour lui, le TW fait partie de “toutes ces informations qu’on donne aux lecteurs sur un livre. Sur la couverture du livre de Lapierre-Dallaire, il y a le dessin d’une vulve, aussi. On sait dans quoi on s’embarque.”

Tout le livre avertit déjà

Par la couverture, le titre, le texte à l’arrière du livre – cette page qu’on appelle la “quatrième de couverture” –, l’éditeur sème les informations, explique l’éditeur de La Mèche. Elles servent à trouver le bon lecteur… et à en filtrer quelques autres au passage, qui reposeront le livre aux étals en se disant que ce n’est pas pour eux.

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