Au procès des viols de Mazan, l'atmosphère se tend entre accusés et public
"Violeur, violeur., Bouuuh Bouuuuh..." Le public, venu nombreux quotidiennement, se masse derrière un cordon installé par les agents de sécurité du tribunal d'Avignon. À cette suspension d'audience, mardi 17 septembre, cette grande majorité de femmes qui compose cette foule exprime sa colère en visant les accusés qui comparaissent libres dans ce procès Pelicot.
Depuis le début de la semaine, et au lendemain des manifestations en soutien à Gisèle Pelicot qui se sont déroulées pendant le week-end partout en France, l'atmosphère s'est crispée tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la salle d'audience où sont jugés ces 50 hommes, aux côtés de Dominique Pelicot, accusés d'avoir violé son ex-épouse. Les soutiens à Gisèle Pelicot les huent copieusement ou crient "la honte" à leur passage.
Animosité des accusés
Chaque matin, ces 32 hommes qui comparaissent libres empruntent la même entrée du palais de justice que les parties civiles, les journalistes et le public. Ils passent devant la nuée de caméras, sont mêlés aux autres personnes pour aller à la machine à café ou dans la file des toilettes. Pendant l'instruction, le juge avait considéré que leur placement en détention provisoire n'était plus justifié et qu'ils présentaient suffisamment de garanties pour rester à la disposition de la justice et assister à leur procès.
Si certains cherchaient à dissimuler leur visage depuis le début du procès, c'est désormais la quasi-totalité qui portent un masque chirurgical, avec des lunettes de soleil, une casquette ou leur capuche. Depuis quelques jours, ils ne cachent d'ailleurs désormais plus leur énervement envers les médias.
Une photojournaliste, Anna Margueritat, qui suit le procès à Avignon, a raconté sur son compte Instagram être témoin de cette tension. "Plusieurs accusés qui comparaissent libres ont menacé verbalement et physiquement des journalistes en leur disant 'Je vais péter ta caméra'", écrit-elle. Plusieurs journalistes ont également été témoins de scènes d'altercation entre des accusés et des membres du public les photographiant.
Des plaintes déposées
La semaine dernière, des avocats de la défense ont déposé d'ailleurs des plaintes pour "diffusion d'informations personnelles suivies de menaces" envers leurs clients alors que l'identité de ces hommes, leur profession, leur adresse et parfois des photos prises dans l'enceinte du tribunal ont été diffusées sur les réseaux sociaux.
"Des enfants d'accusés ont été pris à partie au sein de leur établissement scolaire, des épouses et proches d'accusés ont été insultés, des appels téléphoniques malveillants reçus par des accusés, avec tentatives d'intrusion à leur domicile", avait dénoncé Me Crépin-Dehaene, représentant la totalité des avocats de la défense.
Depuis le début du procès, les 51 accusés sont présents à l'audience. Ces derniers jours, certains étaient absents pour raisons médicales. Une fois les faits les concernant évoqués, certains pourront d'ailleurs obtenir une dispense de la cour alors que le procès est prévu pour durer jusqu'au mois de décembre.
Si ces hommes ne se connaissaient pas avant, une certaine solidarité s'est créé entre eux notamment autour de la personnalité de Dominique Pelicot. Mardi, celui que la grande majorité d'entre eux accusent de les avoir "manipulés", les a appelé à "prendre leurs responsabilités" et assumer que "tous ceux qui sont dans cette salle sont des violeurs".
Lors des premiers jours du procès, l'ensemble de la salle écoutait attentivement les débats. Les semaines passant, les heures d'audience avançant, certains des accusés ont des attitudes moins respectueuses, certains dormant pendant les débats. La question es de savoir quels effets auront les questions et l'attitude de certains avocats de la défense lundi envers Gisèle Pelicot sur l'attitude de ces hommes.