Au procès de Salah Abdeslam et Mohamed Abrini pour les attentats de Bruxelles, le parquet requiert la prison à vie

Salah Abdeslam (à gauche) et Mohamed Abrini (en 3e position) ont été jugés coupables lors du procès sur les attentats de mars 2016 à Bruxelles.
Salah Abdeslam (à gauche) et Mohamed Abrini (en 3e position) ont été jugés coupables lors du procès sur les attentats de mars 2016 à Bruxelles.

TERRORISME - Dernière ligne droite avant le verdict attendu à la mi-septembre. Le parquet fédéral belge a demandé, ce mardi 5 septembre, une peine de prison à vie à l’encontre du Français Salah Abdeslam et du Belgo-marocain Mohamed Abrini, déclarés coupables en juillet dernier pour leur participation aux attentats de Bruxelles en mars 2016.

Après avoir « terrorisé la France » le soir du 13 novembre 2015, Salah Abdeslam « a décidé de continuer sa guerre, souhaitant tuer des victimes innocentes et inconnues », a fustigé la procureure fédérale Paule Somers. « Il n’a pas changé, il est toujours aussi radicalisé, il ne mérite aucune circonstance atténuante », a-t-elle ajouté, alors qu’Abdeslam est resté impassible dans le box.

Prenant ensuite la parole à propos de Mohamed Abrini, l’autre procureur, Bernard Michel, a décrit ce dernier comme « un pilier de la cellule », et jugé que la prison à vie était « la seule peine proportionnelle à ses actes ». Abrini, qui avait accompagné le « convoi de la mort » à Paris à la veille du 13 novembre, est « l’homme au chapeau » filmé par la vidéosurveillance de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem le 22 mars 2016 en compagnie des deux assaillants.

« Une aide indispensable »

Ce jour-là, deux hommes s’étaient fait exploser dans le hall des départs de l’aéroport et un troisième, une heure plus tard, dans une rame de métro à la station Maelbeek. Le bilan est dramatique : 32 morts et des centaines de blessés. Mais la cour d’assises estime que trois décès intervenus plus tard ont un lien direct avec les explosions.

Abdeslam, qui aura 34 ans le 15 septembre, nie sa participation, arguant qu’il était en prison le jour des faits : il avait été arrêté le 18 mars 2016 à Molenbeek. Mais dans son arrêt prononcé le 25 juillet, la cour d’assises de Bruxelles l’a jugé coupage et balayé sa ligne de défense. Le jury populaire a estimé qu’Abdeslam avait apporté « une aide indispensable » à ces attaques, revendiquées, comme celles de Paris, par l’organisation jihadiste État islamique.

Le jihadiste français ne s’est « jamais désolidarisé » du groupe replié à Bruxelles après le 13 novembre et, comme en témoignent certains écrits, « a choisi de rester en Europe pour “finir le travail” », selon les motivations de l’arrêt.

Déchéance de nationalité

À l’inverse d’Abdeslam, Abrini, un de ses amis d’enfance du quartier bruxellois de Molenbeek, n’a jamais contesté sa participation aux attentats de Bruxelles. Le parquet a également demandé mardi qu’il soit déchu de sa nationalité belge car « il a trahi le pays ».

Les deux hommes avaient été condamnés à Paris pour les attaques du 13 novembre 2015 (130 morts), organisées par la même cellule jihadiste. Le premier a écopé de la perpétuité incompressible, le second de la perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans.

Parmi les dix accusés lors du procès bruxellois, il y a eu deux acquittements. Et six des huit coupables sont considérés comme coauteurs des attaques du 22 mars, encourant la prison à vie. Le parquet a réclamé cette peine maximale dans quatre cas : outre Abdeslam et Abrini, c’est également le cas pour Oussama Atar (jugé par défaut car présumé mort en Syrie) et le Suédois Osama Krayem, qui avait accompagné le kamikaze du métro avant de rebrousser chemin.

Pour ces quatre hommes, la peine de prison à vie doit, aux yeux du parquet, être assortie d’« une mise à disposition du tribunal d’application des peines pour 15 ans », un dispositif légal qui éloigne encore la perspective d’une libération conditionnelle. Deux autres accusés ont été reconnus coupables le 25 juillet de « participation aux activités d’un groupe terroriste », risquant un maximum de 10 ans de prison.

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