Au procès de Rédoine Faïd, verdict attendu à Paris ce mercredi pour le roi de l’évasion
JUSTICE - Après sept semaines d’audience, c’est jour de verdict ce mercredi 25 octobre pour le « roi de la belle ». Rédoine Faïd est jugé depuis début septembre devant la cour d’assises de Paris avec cinq de ses proches pour sa spectaculaire évasion, par hélicoptère, de la prison de Réau en 2018.
Le procès de Rédoine Faïd aura vraiment tout eu de la thérapie familiale
La cour, partie délibérer dans un lieu tenu secret après les derniers mots des accusés lundi matin, rendra son verdict « à partir de 17 h 00 », a annoncé la présidente Frédérique Aline.
Les magistrats professionnels et les jurés doivent répondre à 194 questions sur la culpabilité et responsabilité de chacun des 12 accusés, dont deux frères et trois neveux du braqueur multirécidiviste de 51 ans.
Blagues à répétition
Rédoine Faïd, contre qui l’accusation a requis 22 ans de réclusion criminelle, une peine faite « pour les assassins », a répondu sa défense, avait choisi de garder le silence pendant l’instruction, pour protester contre ses conditions d’incarcération.
Il s’est bien rattrapé à l’audience, faisant le show à chacune de ses interventions, ne se privant pas de blagues répétées : « j’ai pris mes baskets, on sait jamais », a notamment glissé celui qui comparaît ici pour sa deuxième évasion.
Pendant de longues heures d’un exposé aux airs « de masterclass » selon l’accusation, il a raconté l’organisation minutieuse d’un plan construit autour d’une « faille irrationnelle » : l’absence de filins anti-aériens à côté des parloirs de la prison de Réau (Seine-et-Marne). Ils ont depuis été installés.
Évasion en « 7 minutes 33 »
Le 1er juillet 2018 dans la matinée, un hélicoptère manœuvré par un pilote pris en otage se pose devant ces parloirs, où se trouve Rédoine Faïd avec l’un de ses frères. En « 7 minutes 33 », le commando jette des fumigènes, force les portes à la disqueuse et extrait le braqueur. L’hélicoptère s’envole sous les applaudissements des détenus.
À son procès, Rédoine Faïd s’est fait poète en se remémorant le « rayon de soleil » arrivé « en plein visage », la « sensation de liberté, le huis clos qui s’ouvre à l’infini »...
Les avocats généraux ont été plus terre à terre dans leurs réquisitions : « Ne vous laissez pas abuser », ont-ils lancé aux jurés. Rédoine Faïd est un « escroc » qui fait preuve d’« humour » à l’audience et se vante de « principes nobles » - pas de sang sur les mains, pas d’affaires de drogues - mais dont les « actions violentes » ne servent en réalité « toujours » qu’une seule personne : « lui-même », a taclé l’accusation.
Le braqueur au crâne chauve est un « drogué de la liberté », comme il l’a dit lui-même. Mais cette liberté, « il ne la recherche pas, il l’arrache ».
« Sacrifice familial »
Rédoine Faïd a soutenu que l’évasion avait été organisée en grande partie par des « professionnels » et non ses proches. Une histoire « inventée » par le braqueur pour « dédouaner » sa famille, a rétorqué l’accusation, qui estime que le « cœur du dossier », c’est le « sacrifice familial ».
Contre son frère Rachid, 65 ans, qui a reconnu être monté dans un hélicoptère puis avoir scié les grilles menant à Rédoine Faïd, les avocats généraux ont demandé la lourde peine de 18 ans de réclusion. Plus qu’un « petit papy serviable » il est « l’homme ressource » de Rédoine Faïd, ont-ils asséné.
Quant aux neveux, dont l’un était à bord de l’hélicoptère, selon l’accusation, ils ont « tous, à leur niveau », été « indispensables » : des peines de quatre, dix et 15 ans ont été réclamées contre eux.
Deux acquittements ont été demandés : pour Brahim Faïd, 63 ans, qui se trouvait au parloir avec son frère et a juré ne pas avoir été mis au courant. Et pour Alima A., qui a « aussi été prise en otage » selon l’accusation, quand le braqueur et ses complices en cavale se sont imposés chez elle, à Creil où Rédoine Faïd a grandi et où il sera arrêté après trois mois de cavale.
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