Au procès du 13-Novembre, les Eagles of Death Metal témoignent

Jesse Hughes (à gauche) et Eden Galindo (à droite), qui étaient sur scène au Bataclan pour les Eagles of Death Metal le soir du 13 novembre 2015 doivent tous deux venir témoigner au procès des attentats (photo d'archive prise en juillet 2016 lors d'un festival dans le Kansas). (Photo: Jason Squires / Getty Images)
Jesse Hughes (à gauche) et Eden Galindo (à droite), qui étaient sur scène au Bataclan pour les Eagles of Death Metal le soir du 13 novembre 2015 doivent tous deux venir témoigner au procès des attentats (photo d'archive prise en juillet 2016 lors d'un festival dans le Kansas). (Photo: Jason Squires / Getty Images)

Jesse Hughes (à gauche) et Eden Galindo (à droite), qui étaient sur scène au Bataclan pour les Eagles of Death Metal le soir du 13 novembre 2015 doivent tous deux venir témoigner au procès des attentats (photo d'archive prise en juillet 2016 lors d'un festival dans le Kansas). (Photo: Jason Squires / Getty Images)

ATTENTATS DU 13 NOVEMBRE - Ils sont devenus bien malgré eux l’un des symboles d’une nuit d’horreur. Et face à la Cour d’assises spéciale de Paris, qui se penche depuis le mois de septembre sur les attentats du 13 novembre, ils vont devoir revenir sur leur funeste soirée de 2015 au Bataclan.

Eux, ce sont les membres d’Eagles of Death Metal, le groupe de hard rock qui se produisait quand les commandos envoyés par l’organisation terroriste Daech ont attaqué la salle de concert, causant la mort de 90 mélomanes, blessant et traumatisant des centaines d’autres.

Ces 9 et 10 mai, plusieurs membres (actuels et anciens) du groupe sont attendus sur l’Île de la Cité, pour livrer leur histoire et leur ressenti de cette soirée du 13 novembre 2015, interrompue en pleine fête par des tirs de Kalashnikov. Dans la presse, certains d’entre eux ont déjà raconté leur culpabilité du survivant et décrit les marques laissées par l’attentat, donnant un aperçu de ce qu’ils devraient déclarer au procès.

Culpabilité terrible

Dans les colonnes du Journal du Dimanche, c’est un quinquagénaire encore meurtri, Eden Galindo, qui s’est récemment épanché sur les sept années qui se sont écoulées depuis l’attentat du Bataclan. Un laps de temps au cours duquel il aura pris la décision de quitter le groupe et de fonder une famille. Lui est attendu le 10 mai au tribunal, comme le chanteur Jesse Hughes. La veille, un autre ancien, le bassiste Matt McJunkins, en aura normalement fait de même, même s’il hésite encore à prendre la parole.

Au JDD donc, le guitariste de 52 ans explique que cette nuit du 13 novembre ne l’a “jamais quitté”, qu’il vit depuis avec des images “ancrées au plus profond” de son être. Surtout, il décrit le sentiment qui continue à l’habiter, au-delà du syndrome de stress post-traumatique et du lien si fort qui existe désormais avec les autres survivants: une culpabilité terrible.

“Je me sens toujours coupable”, détaille Eden Galindo, “coupable d’avoir survécu, coupable aussi parce que les gens s’étaient rassemblées pour nous voir”. Des passionnés de musique dont certains sont morts, où d’autres ont été gravement blessés. “Tous sont marqués à vie. Je veux leur dire que je les aime et que je suis désolé.”

“Tourner la page” et communier avec les autres victimes

Tant et si bien que les différents membres du groupe attribuent à cette opportunité de témoigner une “vocation libératoire”, comme l’a expliqué leur avocate, maître Claire Josserand-Schmidt au Figaro. Ce que résume encore Eden Galindo, toujours dans Le JDD: “J’ai peur d’y aller (témoigner). C’est un vrai défi, mais quand je l’aurai surmonté, je me sentirai mieux.” Et, espèrent les survivants des Eagles of Death Metal, eux qui ont perdu dans l’attentat leur acolyte Nick Alexander, en charge du merch, une possibilité au final de “tourner la page”.

Quant à Jesse Hughes, ce procès sera aussi l’occasion d’enterrer définitivement les polémiques nées dans les mois qui avaient suivi l’attentat. Dans un premier temps, le dernier membre présent en novembre 2015 à toujours faire partie du groupe avait dérapé sur la sécurité du Bataclan et ses videurs musulmans ou défendu l’usage des armes à feu qui auraient selon lui permis d’éviter un carnage. Des propos sur lesquels il est depuis revenu, expliquant avoir souffert à l’époque d’un violent traumatisme lié aux événements parisiens.

Car une chose est sûre, la démarche des Eagles of Death Metal de se présenter au procès touche déjà les autres survivants de la tuerie. “Cela montre leur lien avec la communauté des victimes, leur volonté de participer au récit choral”, salue auprès du FigaroArthur Dénouveaux, l’homme qui les avait mis dans un taxi le soir du drame après qu’ils sont tombés nez à nez avec un terroriste en fuyant la scène, et qui est aujourd’hui président de l’association Life for Paris.

Car puisque leur présence sur scène au moment de l’attaque, et la possibilité qu’ils ont eu de fuir, ne leur permettront vraisemblablement pas d’apporter d’élément de poids à l’enquête, ils se joindront au moins à la catharsis collective. Le “J’ai pensé que j’étais cassé pour toujours” d’Eden Galindo devrait ainsi résonner chez de nombreuses victimes des hommes de Daech.

Tout comme son sentiment d’appartenance à une communauté unie par le traumatisme. ″Ça a été la pire nuit de ma vie, mais ça m’a aussi apporté plus d’amour que je n’aurais jamais pu l’imaginer.”

À voir également sur le HuffPost: Les Eagles of Death Metal en concert à Paris avant de témoigner au procès du 13-Novembre

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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