Au Portugal, les expulsions locatives s’accélèrent
C’est le dernier soubresaut de l’effervescence immobilière au Portugal. “Le frein à la hausse des loyers imposé par le gouvernement entraîne une vague d’expulsions”, annonce en titre de manchette l’hebdomadaire Expresso, sorti ce vendredi 4 novembre. Une conséquence que n’avait peut-être pas anticipée l’exécutif socialiste d’António Costa, depuis l’entrée en vigueur d’un décret qui limite à 2 % la hausse des loyers lors de l’actualisation des baux signés avant le 1er janvier 2022.
Problème : de nombreux propriétaires ont décidé depuis de casser leurs contrats de location et de les renouveler, pour échapper ainsi à ce plafonnement. Ils peuvent dès lors exiger des loyers plus élevés auprès de locataires qui, pour beaucoup, ne peuvent plus suivre financièrement dans un pays où l’inflation bat son plein et où la pauvreté a le plus augmenté l’an passé au sein de l’Union européenne. Vasco Brasão, de l’association de droit au logement Rés do Chão, témoigne de ces difficultés :
“À Lisbonne, 800 familles ont vu leur contrat renouvelé et sont donc menacées. Les gens finiront par être expulsés après deux mois de loyer impayés.”
“Financiarisation de l’immobilier”
Car dès lors, les propriétaires peuvent engager une demande d’expulsion et de recouvrement forcé devant les tribunaux. Ces procédures sont d’ailleurs en nette hausse, selon les données du ministère de la Justice : lors du premier trimestre, on en dénombrait 185, contre 37 en 2021 et 27 en 2020.
Luís Mendes, chercheur spécialiste du logement et dirigeant de l’Association des locataires de Lisbonne, rapporte que celle-ci est contactée, chaque jour, par une quinzaine de personnes qui ne peuvent plus payer leur loyer à cause du renouvellement des baux. En raison de la “financiarisation de l’immobilier”, l’universitaire alerte dans les colonnes d’Expresso :
“Nous assistons à une nouvelle vague d’expulsions, qui pourrait toucher des milliers de familles dans tout le pays.”
En à peine cinq ans, pour rappel, les loyers ont augmenté de 40 % au Portugal. Une hausse qui n’est pas sans conséquences pour les Portugais. Pour mesurer l’ampleur des expulsions, Luís Mendes, faute de pouvoir s’appuyer sur des données officielles, fait appel à d’autres indicateurs. En comparant le recensement de 2021 à celui de 2011, le chercheur relève que “la moitié des quartiers de Lisbonne ont perdu de la population – dans certains cas, plus de 20 % ”.
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