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Au Pakistan : «On a cru que c’était le jour du Jugement dernier»

Parmi les ouvriers esclaves de la briqueterie de Chak 59, plusieurs enfants. En bleu, Bawar, 7 ans.

Il y a un an, un couple de chrétiens a été lynché et brûlé dans une briqueterie du Pendjab, au motif d’un prétendu blasphème contre l’islam. Un drame pas isolé et toujours impuni.

A la briqueterie du village de Chak 59, l’esclavage moderne est d’abord un silence, saisissant. Dans un froid matinal mordant, les forçats couverts de boue démoulent à la chaîne et sans un mot des centaines de briques de terre humide. Accroupis, résignés comme des automates, femmes et hommes les alignent ensuite à perte de vue dans cette campagne de l’Est pakistanais. Bawar, 7 ans, s’essouffle à remplir et transporter les seaux de boue rouge utilisés par son père. Il n’a jamais été à l’école et travaillera probablement toute sa vie dans ce temple de la misère, damné par la dette colossale de sa famille envers le propriétaire. Dans des briqueteries voisines, des silhouettes d’enfants esclaves encore plus jeunes se cassent le dos à porter des seaux. Le calme est presque angoissant, comme si la terreur qui a déferlé il y a un an sur les ouvriers de Chak 59 avait pétrifié les lieux.

Ce matin du 4 novembre 2014, une foule gorgée de haine converge vers la briqueterie et se déchaîne sur un couple de trentenaires chrétiens, accusés de blasphème contre l’islam. Shama et Shahzad Masih sont séquestrés, battus et torturés, puis traînés et brûlés dans le four de la briqueterie… Au moment du châtiment final, Shahzad est déjà mort mais Shama, enceinte et ruisselante de sang, vit encore. Des centaines de personnes sont arrivées à bord de charrettes et de tracteurs, chauffées à blanc depuis la veille par les diatribes de deux imams qui ont appelé depuis leur mosquée à «brûler les blasphémateurs», et par les discours haineux d’élus locaux. Abdul Aziz était le seul journaliste sur place. Il a filmé le début du lynchage, avant d’être pris à partie par la foule qui lui a cassé sa caméra. C’est de loin qu’il observera la suite, aux côtés de cinq policiers impuissants. Jamais il n’oubliera ce déchaînement de (...)

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