Au Pérou, ces familles qui pleurent leurs morts tués par la police

COURRIER INTERNATIONAL
COURRIER INTERNATIONAL

Au Pérou, la mobilisation ne faiblit pas. Presque deux mois après l’arrestation de Pedro Castillo, qui n’était déjà plus président, on dénombre pas moins de 50 tués au cours des manifestations, la plupart d’entre eux sous les tirs des forces de l’ordre. Des milliers de Péruviens réclament la démission du gouvernement de Dina Boluarte, l’organisation d’élections et des changements profonds dans le système politique et social.

La crise a débuté le 7 décembre, quand le président Castillo a tenté de dissoudre le Congrès – ce qui n’est pas autorisé par la Constitution – et d’instaurer un gouvernement d’exception. Castillo cherchait à éviter une motion de censure – la troisième de son mandat – qui allait être votée à la Chambre. Mais il s’est retrouvé seul : ni l’armée ni la police n’ont obéi à ses ordres, et il a été destitué puis arrêté, sous l’accusation de rébellion et de conspiration. Sa vice-présidente, Dina Boluarte, lui a succédé.

Le jour même, les premières manifestations ont eu lieu. Elles restent vivaces, malgré la répression qui fait de nombreuses victimes, en particulier dans les régions éloignées de la capitale, où beaucoup considéraient Castillo, instituteur rural et dirigeant syndical, comme l’un des leurs.

Dans les jours qui ont suivi l’arrestation de Castillo, le département andin d’Ayacucho est devenu l’un des épicentres de la tragédie : le 15 décembre, la répression militaire féroce a coûté la vie à dix personnes.

Cette sélection d’images, commentées par leur auteur péruvien, Omar Lucas, livre un témoignage saisissant sur un conflit encore brûlant, qui révèle l’énorme fracture économique et politique du Pérou.

Vilma Sacsara, dont le fils de 22 ans est mort, tué d’une balle dans le dos par l’armée.. PHOTO OMAR LUCAS/REVISTA 5W
Vilma Sacsara, dont le fils de 22 ans est mort, tué d’une balle dans le dos par l’armée.. PHOTO OMAR LUCAS/REVISTA 5W

Apparition. Luis Miguel Urbano Sacsara avait 22 ans ; une balle lui a perforé le dos et lui a traversé le cœur. Il est mort sur le coup. Le jeune homme se rendait chez sa compagne quand les affrontements avec les militaires ont commencé. Ces derniers ont ouvert le feu directement sur les manifestants. Sur ce cliché, on voit sa mère, Vilma Sacsara, montrer une pièce d’uniforme que son fils portait quand il faisait son service militaire, avant de commencer ses études de gestion. Le jour de sa mort, Luis Miguel avait donné un coup de main dans le restaurant familial. Le local est situé dans un immeuble sur trois niveaux, et le jeune homme et sa famille louaient le deuxième niveau. Après la mort de Luis Miguel, la famille a déménagé dans un autre logement, situé deux pâtés de maisons plus loin. Vilma dit que son fils décédé apparaît dans sa chambre, tel un fantôme.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :