Au Niger, les putschistes vont « expulser » l’ambassadeur de France et l’ont fait savoir à Paris

Une manifestation pro-putsch au Niger avec un manifestant qui tient une pancarte « À bas la France », le 3 août 2023.
Une manifestation pro-putsch au Niger avec un manifestant qui tient une pancarte « À bas la France », le 3 août 2023.

INTERNATIONAL - Les militaires au pouvoir au Niger ont annoncé avoir « instruit les services de police » afin de procéder à « l’expulsion » de l’ambassadeur de France à Niamey, dans un courrier adressé à Paris consulté ce jeudi 31 août par l’AFP, après l’expiration d’un ultimatum au diplomate français pour quitter le pays.

Selon cette lettre du ministère des Affaires étrangères datée de mardi, l’ambassadeur Sylvain Itté « ne jouit plus de privilèges et immunités attachés à son statut de membre du personnel diplomatique de l’ambassade de France ».

Ses « cartes diplomatiques et visas » ainsi que ceux des membres de sa famille « sont annulés », précise la lettre, ajoutant que les services de police nigériens « sont instruits afin de procéder à l’expulsion » de Sylvain Itté.

Sylvain Itté est resté à l’ambassade

Vendredi soir, les militaires au pouvoir avaient donné 48 heures au diplomate français pour quitter le territoire, ce que Paris a refusé, arguant que ce gouvernement était illégitime et n’avait aucune autorité pour fonder une telle requête. À l’expiration de ce délai, Sylvain Itté, dont Emmanuel Macron a salué mardi le travail, se trouvait toujours en poste à Niamey.

Jeudi, le porte-parole de l’état-major français, le colonel Pierre Gaudillière, a prévenu que « les forces militaires françaises sont prêtes à répondre à tout regain de tension qui porterait atteinte aux emprises militaires et diplomatiques françaises au Niger » et que « des dispositions ont été prises pour protéger ces emprises ».

Le Front patriotique pour la souveraineté du Niger (FPSN), une organisation créée au lendemain du putsch du 26 juillet et hostile à la présence militaire française au Niger, a qualifié mercredi Sylvain Itté de « citoyen français en situation irrégulière »

« Il peut rester le temps qu’il voudra dans l’enceinte de l’ambassade parce que c’est un citoyen français et que l’ambassade est une portion du territoire français (...) mais lorsqu’il (en) sortira (...) informez les autorités policières chargées de la répression de l’immigration », a déclaré Ibrahim Bana un responsable de ce mouvement qui a par ailleurs appelé à « n’intenter aucune action (violente) » contre le diplomate.

Marche contre la présence de soldats français

La question du départ des 1 500 soldats basés à Niamey pour aider le Niger dans sa lutte antijihadiste se pose également. Le 3 août, les généraux au pouvoir ont dénoncé une série d’accords militaires avec la France, une décision que Paris a également ignoré, ne reconnaissant que le président renversé Mohamed Bazoum comme dirigeant légitime du Niger.

Le FPSN a multiplié les appels à participer « massivement » samedi prochain à une marche suivi d’un sit-in près de la base militaire française à Niamey « jusqu’au départ » des soldats français.

Plus d’un mois après le coup d’État du 26 juillet, le Niger reste sous la menace d’une intervention militaire brandie par la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cedeao) pour rétablir l’ordre constitutionnel. Jeudi, le gouvernement burkinabè a approuvé un projet de loi autorisant l’envoi d’un contingent militaire au Niger, sans préciser les modalités.

La semaine dernière, le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani avait signé un décret autorisant les forces armées du Burkina Faso et du Mali à intervenir sur le sol nigérien « en cas d’agression ou de déstabilisation armée extérieure ».

Le Mali et le Burkina Faso, deux pays voisins également dirigés par des militaires ayant pris le pouvoir par la force en 2020 et 2022, ont affiché leur solidarité avec les nouvelles autorités nigériennes. Les deux pays avaient ainsi mis en garde la Cedeao contre toute intervention au Niger, qui serait assimilée à une « déclaration de guerre ».

Les généraux au pouvoir à Niamey avaient quant à eux évoqué une transition de trois ans maximum.

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