Au Mont Rushmore, Trump s'en prend aux "foules furieuses" qui veulent détruire l'histoire des Etats-Unis

AU MONT RUSHMORE, TRUMP S'EN PREND AUX "FOULES FURIEUSES" QUI VEULENT DÉTRUIRE L'HISTOIRE DES ETATS-UNIS

WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump s'en est pris vendredi soir aux "foules furieuses" qu'il accuse de vouloir abattre en même temps que des statues toute l'histoire des Etats-Unis devant plusieurs milliers de ses partisans réunis au Mont Rushmore pour le début des célébrations de l'indépendance américaine.

Lors de son discours, le président américain a assuré que les manifestations contre les discriminations raciales et les violences policières menaçaient les fondations du système politique américain.

Face au mouvement de colère provoqué par la mort de George Floyd, membre de la communauté noire, lors de son interpellation par un policier blanc de Minneapolis le 25 mai dernier, le président a répondu sous le double mot d'ordre de la loi et de l'ordre, qu'il tweete à intervalle régulier en lettres capitales. Une attitude critiquée jusque par une partie de son propre camp, qui lui reproche de diviser la nation.

"Ne soyez pas dupes, cette révolution culturelle de gauche veut renverser la révolution américaine," a déclaré Trump. "Nos enfants apprennent à l'école à détester leur pays", a-t-il ajouté.

Environ 7.500 personnes se sont rassemblées dans ce lieu symbolique et imposant du Dakota du Sud où les visages des présidents George Washington, Thomas Jefferson, Theodore Roosevelt et Abraham Lincoln ont été taillés dans la roche. Des masques étaient offert aux participants mais beaucoup d'entre eux ne s'en sont pas servi.

TRUMP CONTRE UN "NOUVEAU FASCISME D'EXTRÊME GAUCHE"

S'exprimant sous les sculptures monumentales des quatre présidents, Trump a annoncé, sans plus de détail, son souhait de créer un "Parc national des héros américains" où des statues "des plus grands Américains ayant jamais vécu" seraient érigées.

"Des foules furieuses essaient d'abattre des statues de nos Pères fondateurs, de dégrader nos monuments les plus sacrés et de déchaîner une vague de crime violent dans nos villes", a-t-il poursuivi.

A quatre mois de la présidentielle du 3 novembre, où il briguera un second mandat, et même si l'événement ne s'inscrivait pas officiellement dans sa campagne électorale, le président républicain a abordé certains des thèmes centraux de son programme.

"Il existe, a-t-il dit, un nouveau fascisme d'extrême gauche qui réclame une allégeance absolue. Si vous ne parlez pas son langage, si vous ne pratiquez ses rites, ne récitez pas ses mantras et ne suivez pas ses commandements, vous serez censurés, bannis, placés sur liste noire, persécuté et punis."

"Cela ne nous arrivera pas !"

Ce déplacement au Mont Rushmore, en pleine épidémie de coronavirus, posait problème, les autorités de santé américaines ayant recommandé à la population d'éviter les grands rassemblements.

"C'est la recette d'une catastrophe", avait fustigé dans le Washington Post Cheryl Schreier, qui fut la superintendante du Mount Rushmore National Memorial de 2010 à 2019 et qui redoute, en plus d'une propagation du coronavirus, des risques de feu de forêt - le dernier feu d'artifice organisé à cet endroit remonte à 2009 - et de contamination des eaux souterraines.

L'autre souci tenait au caractère sacré du lieu pour la communauté amérindienne.

"C'est comme s'il essayait de se rendre au Vatican et d'y faire tirer un feu d'artifice célébrant l'indépendance", a comparé Julian Bear Runner, président de la tribu des Sioux Oglala cité par le Washington Post.

Plusieurs manifestants amérindiens ont été arrêtés samedi après avoir bloqué une route d'accès au monument.

(Jeff Mason avec Steve Holland; version française Henri-Pierre André)