Au Mali, une justice «sans machine à écrire ni ordinateur»

A Gao, en mars.

Des dizaines de présumés jihadistes sont détenus par Bamako depuis la reprise du Nord. Mais les autorités peinent à les traduire devant des tribunaux.

Le procureur du tribunal d’instance de la commune III de Bamako, Mohamed Dicko, originaire de Gao, 56 ans, a nommé ces dernières semaines trois juges pour instruire les dossiers «d’environ 200 prisonniers déférés par voie terrestre» de Gao et Tombouctou depuis début mars. Les enquêtes préliminaires de la gendarmerie de Bamako sont presque bouclées. «La première affaire concerne un cas de viols en réunion commis l’an dernier dans la région de Gao par des gens soupçonnés d’appartenir au MNLA [les rebelles touaregs, ndlr]», assure le procureur Dicko. Qui souligne que «le principal témoin est un homme qui a vu sa femme et sa fille violées sous ses yeux. Mais, forcé d’assister à cette scène insoutenable, il est, depuis, prostré et a perdu l’usage de la parole». Mohamed Dicko est qualifié «d’homme intègre» par des sources françaises.

Ces dernières, qui l’avaient convié à Gao lors de la libération de la ville, ont découvert à cette occasion «l’état d’abandon total de toute l’administration judiciaire», mais aussi «la parole libre» du magistrat.

Moyens. A écouter le procureur Dicko, qui reçoit dans ce tribunal à l’architecture coloniale, «il faut faire le tri entre les chefs d’accusation : rébellion, terrorisme et haute trahison s’il s’agit de militaires félons. Pour le moment, les dossiers transmis de Gao sont tous manuscrits car il n’y a, là-bas, aucune machine à écrire ni un ordinateur en état de marche», souffle-t-il. Selon le premier substitut, Omar Sogoba, l’extrême lenteur de la justice s’explique par un terrible manque de moyens : «Il fallait d’abord que les officiers de police judiciaire, ici à Bamako, se saisissent de ces masses manuscrites issues des premiers interrogatoires, qu’ils ont dû parfois déchiffrer, et ensuite à nouveau interroger les prévenus. Puis attendre la transmission des dossiers», se désole le (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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