Au Liban, la mobilisation fait grincer quelques dents

Le mouvement de solidarité a suscité la controverse à Beyrouth, certains dénonçant une société «hypocrite» plus prompte à se mobiliser pour la France que pour son pays.

Dimanche en fin d’après-midi, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées «en hommage à Charlie Hebdo» au square Samir-Kassir, autour de la statue du journaliste libanais assassiné en 2005. Si quelques pancartes n’évitaient pas la récupération politique, la plupart respectaient le mot d’ordre de la mobilisation. «Je suis la liberté d’expression meurtrie», «Je pense donc je dessine», ou, plus sobrement, «Je suis Charlie». Ayman Mhanna, fondateur de la Fondation Samir-Kassir, avait fermement rappelé les consignes avant le rassemblement. «La manifestation sera silencieuse. Quelles que soient les différences d’opinions, elle réunira ceux qui croient que la liberté d’expression ne doit jamais être réduite au silence par le meurtre.» Pour lever tout malentendu.

Opportunisme. Car depuis l’annonce de la manifestation, et l’utilisation par les Libanais du hashtag «Je suis Charlie», la controverse enflamme la Toile. «Je suis Beyrouth and I’m more damaged than Charlie», clame un autre hashtag dénonçant l’opportunisme de certains Libanais qui préfèrent se mobiliser pour des causes extérieures. «Ils sont incapables de manifester pour leurs propres frères, pour leurs soldats pris en otage ou pour leurs journalistes ou politiciens assassinés. Et soudain, ils se mobilisent pour Charlie Hebdo ? Quelle hypocrisie», lâche Hatem al-Khalil, 31 ans. «Chaque jour, des enfants syriens meurent de froid dans notre pays et personne ne réagit», lance pour sa part Nay al-Rahi, 29 ans. Depuis deux jours se répand aussi «Je suis Jabal Mohsen», en référence à l’attentat-suicide revendiqué par le Front al-Nusra, qui a visé samedi soir ce quartier alaouite de Tripoli et a fait neuf morts. «La moitié des Français devraient écrire ce hashtag sur Facebook !» écrit ironiquement Safaa.

D’autres voix ont vu au contraire dans (...)

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