Au Liban, la crise sanitaire et économique a tué l'école

Les yeux rivés sur son écran d'ordinateur, soeur Myrna Farah en tapote la souris de l'index. "On en est à notre cinquième scénario prévisionnel", soupire, derrière une fine paire de lunettes, la directrice du collège Besançon à Beyrouth. Alors que l'année scolaire touche à sa fin, la rentrée prochaine est presque impossible à organiser. "On ne sait pas combien d'élèves on aura, qui pourra payer et combien", résume la religieuse, qui s'attend à voir partir 20% de ses écoliers en septembre.

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"Les parents n'arrivent pas à s'engager, déplore la cheffe d'établissement. Ceux qui ont encore un travail aujourd'hui pourraient l'avoir perdu en septembre. L'avalanche est encore au-dessus de nos têtes." Même en temps de guerre, "la situation n'était pas aussi grave", conclut-elle. Dans cette école qui accueille de la maternelle à la terminale des Libanais issus de la classe moyenne pour une scolarité ­annuelle de 3.000 euros, seuls 11% des parents ont pu s'acquitter des frais pour le troisième trimestre.

La débâcle inédite que traverse le pays, amplifiée par l'épidémie de Covid-19, a anéanti le pouvoir d'achat des Libanais, frappés par la chute folle de la monnaie locale, qui en quelques mois a perdu plus de 80% de sa valeur sur le marché noir. Contraints de limiter leurs dépenses à l'essentiel, le loyer, les courses, l'eau et l'électricité, de nombreux ménages ne sont plus capables de payer l'éco...


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