Au large de Gaza, pourquoi le porte-hélicoptères Tonnerre n’accueille toujours pas de patients
GAZA - Cela fait maintenant cinq jours que le Tonnerre est positionné au large de Gaza. Le porte-hélicoptères français, deuxième plus gros bateau de l’armée après le Charles-de-Gaulle, doit participer à des opérations de secours pour les populations civiles du territoire palestinien.
Ce grand bâtiment de la classe Mistral, long de 199 mètres, fait partie des « porte-hélicoptères amphibies (PHA) » qui sont « capables de mener, sous faible préavis, des opérations de gestion de crise, de transport ou encore d’évacuation sanitaire et de soutien médical par des moyens amphibies et aéromobiles », selon le ministère français des Armées.
Mais pour le moment, ce navire qu’Emmanuel Macron a présenté comme à même de « soutenir les hôpitaux de Gaza », n’accueille aucun patient. Et il ne pourrait accueillir au final que quelques civils.
Celui-ci est pourtant équipé d’une soixantaine de lits et de deux blocs opératoires. Mais il ne peut en réalité pour l’instant potentiellement héberger que deux blessés très graves et deux blessés graves, selon le commandant Schaar, à la tête du Tonnerre.
200m de long, 69 lits d'hôpitaux, 2 salles de réanimation…
Voici à quoi ressemble le navire-hôpital "Tonnerre" que la France a envoyé au large de Gaza⤵️ pic.twitter.com/KQ0eKAL7ap— BFMTV (@BFMTV) October 27, 2023
Le Tonnerre, « un couteau suisse pour la marine nationale »
« Compte tenu de l’armement en ressources humaines, on n’est pas en capacité d’utiliser l’ensemble (des) locaux. Et par exemple, il y a deux blocs opératoires qu’actuellement nous ne pouvons pas armer de manière simultanée », développe le médecin-chef Florent Colas auprès de franceinfo.
Sébastien Lecornu défend lui plutôt une capacité d’entraînement avec le déploiement du navire. « On veut emmener d’autres pays. Nous mettons beaucoup de moyens sur la table pour faire effet de levier. Le statut de nation-cadre, c’est comme un gros bloc de multiprise, dans lequel nous-mêmes, on remplit quelques prises et on permet à d’autres pays de venir se connecter, de venir assembler des moyens », explique le ministre de la Défense à franceinfo.
Dans une interview pour BFMTV, il explique encore que le Tonnerre constitue « un couteau suisse pour la marine nationale ». « Ce bateau était déjà en mer quand le président de la République a annoncé de le projeter ici, ce qui nous permet d’avoir un premier plot logistique pour y mettre du fret sanitaire », ajoute-t-il.
BFMTV à bord du porte-hélicoptère "Tonnerre" envoyé en Méditerranée pour soutenir les hôpitaux de Gaza pic.twitter.com/6FoAE9OykZ
— BFMTV - Matinale (@PremiereEdition) November 3, 2023
Sur X (ex-Twitter), les députés de La France insoumise Aurélien Saintoul et Thomas Portes ont fustigé la capacité d’accueil du navire :
Combien de patients pourraient être accueillis ? 2 !!!
Quelle pantalonnade ! Quelle humiliation !
C'est ainsi qu'E. #Macron prétend apporter du secours aux civils de Gaza ?
D'ailleurs, comment accéderaient-ils au bateau puisque le blocus n'est pas levé ? https://t.co/9cSnQicu5R— Aurélien Saintoul (@A_Saintoul) November 3, 2023
Macron déploie le porte-hélicoptères "Tonnerre" pour apporter une aide humanitaire à la population de #Gaza. Problème le bateau est quasiment inutilisable par manque de personnel. Il dispose de 60 lits mais ne peut aujourd'hui accueillir que 4 blessés. La honte internationale.
— Thomas Portes (@Portes_Thomas) November 3, 2023
Le Dixmude, deuxième navire-hôpital envoyé par la France
Sébastien Lecornu a aussi annoncé jeudi 2 novembre que la France allait envoyer un deuxième navire-hôpital à Gaza.
Le Dixmude « est en train d’être équipé pour être transformé en bateau hospitalier », a expliqué le ministre dans un entretien à franceinfo depuis le Liban où il est en déplacement.
Sébastien Lecornu n’a pas précisé quand le navire allait être déployé, mais « la planification est en train d’être faite », a-t-il affirmé. Son entourage, contacté par franceinfo après cet entretien, précise que le navire est en préparation à Toulon et devrait être prêt à appareiller « autour de la mi-novembre ».
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