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Au Congrès du PS, Faure assume les divergences pour mieux recoller les morceaux

Johanna Rolland, Olivier Faure, Hélène Geoffroy et Nicolas Mayer-Rossignol s’affichent unis à l’issue du Congrès PS ce 29 ajnvier à Marseille. Il y a urgence à tourner la page pour le PS.
CLEMENT MAHOUDEAU / AFP Johanna Rolland, Olivier Faure, Hélène Geoffroy et Nicolas Mayer-Rossignol s’affichent unis à l’issue du Congrès PS ce 29 ajnvier à Marseille. Il y a urgence à tourner la page pour le PS.

POLITIQUE - Il fallait absolument (essayer de) tourner la page de dix jours de crise durant lesquels le Parti socialiste a étalé ses divisions au grand jour, faisant craindre la scission. Impossible pour Olivier Faure, Premier secrétaire reconduit à la tête du parti, de passer outre dans son discours de clôture, ce dimanche 29 janvier à Marseille. Mais tant qu’à faire, autant en faire une force.

Après deux scrutins à la sincérité entachée, une commission de récolement, un huissier de justice, les socialistes se sont enfin mis d’accord sur leur nouvelle direction où se trouvent les deux principaux concurrents. Tout est bien qui finit bien donc, mais les socialistes se sont fait peur comme l’ont exprimé les militants sur place devant notre caméra. « Nous ne sommes pas obligés de rejouer à chaque fois le grand frisson », a lâché Olivier Faure.

« Chez nous tout se discute, c’est ce qui fait notre charme »

L’heure n’est pas au mea culpa, au contraire. Devant les militants, adhérents et élus, Olivier Faure assume. « Chez nous tout se discute, c’est ce qui fait notre charme. Nous pouvons passer des jours à débattre d’une orientation et ensuite passer des jours à recoller la vaisselle cassée. D’où la commission de récolement », lance-t-il, mi-figue mi-raisin.

Le Premier secrétaire est allé jusqu’à dire « merci de faire vivre le débat » à ses anciens adversaires. « Se retrouver n’était pas forcément une évidence. Il y a eu des mots blessants, des désaccords surjoués de part et d’autre », a-t-il ajouté avant de s’adresser à Nicolas Mayer-Rossignol. « Toi et moi avons fait un choix. Celui de dépasser ces moments » et « de faire ensemble plutôt que les uns contre les autres. Toi et mois nous allons faire mieux. Je crois en nous », a-t-il conclu.

Voilà pour l’opération réconciliation. Mais après les mots doux et la volonté affichée de travailler avec son ancien concurrent, Olivier Faure a aussi dû adopter une position d’équilibriste sur la NUPES, principal point d’achoppement des socialistes.

Ménager la chèvre et le chou

Signataire de l’accord avec les législatives, le patron socialiste s’est d’abord fait le défenseur de l’alliance. Intégrer la NUPES a permis d’« assurer l’appartenance indéfectible du PS à la gauche » après le départ de plusieurs figures socialistes chez Emmanuel Macron, fait-il valoir. Avant de présenter l’union des gauches comme la seule solution pour empêcher l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. « Je vous demande avec insistance de refuser toute forme de repli sur nous-même. C’est en portant les ambitions de toute la gauche que nous redeviendrons sa force motrice », encourage Olivier Faure. Subtil message qui répond en partie aux critiques sur la position trop effacée du PS au sein de la NUPES.

Même reconduit, le Premier secrétaire sait que l’alliance n’est pas acceptée par une majorité des socialistes. Lors du premier vote sur la stratégie du PS, sa ligne pro-NUPES a réuni un peu moins de la majorité (49 %) des socialistes, tandis que 20 % d’entre eux ont voté pour quitter l’alliance en soutenant la motion d’Hélène Geoffroy.

Il fallait donc insister sur l’indépendance des socialistes au sein de l’intergroupe de l’Assemblée nationale. « Nous ne procédons de personne si ce n’est de nous-même », assure-t-il. « Boris [Vallaud, président du groupe PS à l’Assemblée] et l’ensemble du groupe en sont les garants. Depuis six mois, aucun d’entre nous n’a eu à se renier. Notre liberté de vote est totale », insiste-t-il, alors que, lors du débat entre les prétendants socialistes, la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy l’avait fait sortir de ses gonds en évoquant la compromission de la gauche – PS inclus – avec le RN lors d’une niche parlementaire.

Et comme une preuve vaut mieux que bien des discours, Olivier Faure en a (presque) donné une, de taille. Évoquant les élections européennes de 2024, il a assuré que le PS les préparerait « d’abord avec notre famille politique, nos amis socialistes, travaillistes, sociaux démocrates du Parti socialiste européen ». De quoi porter un (nouveau) coup à une hypothétique liste commune à la NUPES et satisfaire en partie la nouvelle branche de la direction.

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