Au Canada, Emmanuel Macron ne se prive pas de taquiner les Français et la situation politique
CANADA - Emmanuel Macron a visiblement passé du bon temps au Canada, où il était en déplacement, n’hésitant pas à lancer qu’il « se sent(ait) bien ».
« Je ne sais pas si la France est heureuse à cette date mais la Francophonie à coup sûr ! », a-t-il ainsi déclaré en découvrant des fresques murales à la résidence de l’ambassadeur de France à Ottawa. Ces fresques, intitulées la France heureuse et réalisées par le peintre Alfred Courmes (1898-1993), représentent notamment des Français déambulant dans la rue en brandissant un drapeau tricolore et une pancarte « Vive la France ».
« Vous êtes porteurs de la Francophonie en milieu minoritaire, d’une langue, de ce qu’elle charrie avec elle », a poursuivi Emmanuel Macron, entouré par des personnalités francophones canadiennes. Il ne faut « pas simplement que le français résiste mais qu’on puisse continuer dans les jeunes générations à l’inoculer », a-t-il ajouté.
Des entrepreneurs, élus, universitaires lui ont expliqué l’importance de défendre la langue française dans les provinces anglophones.
« On est toujours le minoritaire de quelqu’un », a renchéri Emmanuel Macron. « Quand on écoute les débats en France, les gens ont le sentiment qu’ils sont en train de devenir minoritaires, qu’ils sont bousculés par l’immigration, qu’on vient les chercher chez eux dans leur propre langue et ils retrouvent du coup la passion d’une langue », a-t-il ajouté.
« Heureux comme un Français au Canada »
S’exprimant quelques heures plus tard devant la communauté française à Montréal, Emmanuel Macron a laissé transparaître malice et décontraction aux côtés du Premier ministre canadien Justin Trudeau.
« Nos amis allemands ont un proverbe qui dit “heureux comme Dieu en France” (...) je me disais en étant avec vous depuis hier “heureux comme un Français au Canada” parce qu’il y a ici quelque chose de formidablement américain mais d’irréductiblement européen et réciproquement », s’est-il enthousiasmé.
« Il y a cette capacité à aimer la France ici », a-t-il poursuivi en référence à l’esprit volontiers chagrin et râleur des Français. « Nous Français nous battons toujours pour défendre nos intérêts avec une forme de fierté légitime que d’aucuns qualifient négativement à tort », a-t-il ajouté. « C’est une récompense extraordinaire de voir les Canadiens défendre et la langue, et les valeurs et les cultures et l’histoire comme vous le faites. Donc je me sens bien chez vous ! », a-t-il conclu sous les applaudissements.
Une séquence qui contraste avec le climat en France, le pays traversant depuis trois mois une crise politique déclenchée par la dissolution de l’Assemblée nationale. Un gouvernement, emmené par le Premier ministre de droite Michel Barnier, a finalement été nommé samedi mais ses premiers pas ont été marqués par tensions et polémiques, et il reste à la merci d’une censure des extrêmes.
Macron interpellé sur Gaza par des manifestants
Tout n’était d’ailleurs pas si rose pour le président français à Montréal. Celui-ci y a été vivement interpellé par des manifestants critiques de la position de la France sur le conflit à Gaza.
« Shame on you ! », « Shame on you ! » (Honte à vous) : les accusations, proférées par une dizaine de personnes, ont fusé alors que le chef de l’État sortait d’une conférence de presse avec Justin Trudeau.
"Honte à vous": Emmanuel Macron pris à partie au Canada sur la situation à Gaza et au Liban pic.twitter.com/4gM9wxXXyU
— BFMTV - Matinale (@PremiereEdition) September 27, 2024
À l’issue d’un échange avec le public qui l’attendait sur les trottoirs, Emmanuel Macron est alors allé à la rencontre des manifestants propalestiniens dans une mêlée de journalistes et d’agents de sécurité.
« C’est un génocide » qui est commis à Gaza, « vous pouvez l’arrêter », « vous offrez une couverture diplomatique » à l’État d’Israël, ont enchaîné deux d’entre eux, dont une jeune femme palestinienne qui a expliqué avoir perdu sa fille à Gaza. « La France envoie de l’argent et des armes qui tuent des innocents », « nous voulons des actes », « vous pouvez mettre la pression sur Israël », ont-ils martelé.
Macron pensait pouvoir se planquer à Montréal, c’était sans compter les militants·e·s du Nouveau Front Populaire qui lui ont rappelé qu’il devait démissionner! Partout où il ira, nous serons présents ! #MacronDemission ! pic.twitter.com/7Gf1B0iyCu
— Thibault Froehlich (@Froehlich__) September 26, 2024
Le président s’est attaché à répondre point par point, en anglais, aux accusations sans réussir à inverser le cours de la discussion. « Soyons clairs, nous ne vendons pas d’armes, nous demandons un cessez-le-feu, nous sommes allés au Conseil de sécurité pour cela », a-t-il argumenté. « En parallèle, nous devons travailler tous ensemble et décider ce que nous allons faire pour engager tous les pays de la région à stopper les groupes terroristes », a-t-il ajouté.
La manifestante la plus virulente a alors répliqué que le Hamas n’était « pas un groupe terroriste mais de résistance ». « Non, ce que vous dites est inacceptable. Ils ont tué des centaines de personnes », a répliqué Emmanuel Macron en référence à l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre contre Israël. Exaspérée, la jeune femme a fini par lâcher : « si vous êtes au pouvoir et ne pouvez rien changer, vous devez démissionner ! ».
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