Au Burkina Faso, RFI est désormais inaudible

Les jingles et infos de RFI ne résonneront plus sur les radios transistors au Burkina pendant quelque temps. Ainsi en ont décidé les autorités de la transition qui accusent “la radio mondiale” d’avoir fait mention de l’audio d’un chef djihadiste et d’une autre information relative aux derniers événements liés aux “velléités de déstabilisation”. [Selon le communiqué burkinabè officiel, signé du porte-parole, Jean-Emmanuel Ouédraogo, il est reproché au média français d’avoir relayé un “message d’intimidation” attribué à un “chef terroriste”. À ce manquement grave s’ajoute la reprise, le 2 décembre, d’une information mensongère, indiquant que le “président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, assure qu’une tentative de coup d’État a visé son pouvoir”.]

À vrai dire, d’abord, il faut souligner que RFI était déjà “attendue au tournant”, car il y a quelques semaines de cela, elle avait déjà écopé d’une sorte d’avertissement pour une autre sortie jugée non professionnelle. [Au début de novembre, le gouvernement burkinabè avait dit regretter les commentaires de RFI selon lesquels les groupes d’autodéfense et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) recruteraient majoritairement au sein de la communauté mossi, les groupes djihadistes eux puiseraient largement dans la communauté peule. Il avait condamné le “traitement cavalier et léger” réservé à ce sujet.]

Une suspension qui prive certes ceux qui ont le transistor comme objet de chevet, qui dorment et se réveillent avec RFI, mais qui n’empêchera pas de suivre ce média via Internet et ou tous les autres canaux technologiques.

Ressentiment antifrançais

N’empêche que cette suspension est symbolique et symptomatique non seulement du contexte de ressentiment antipolitique française, mais aussi des rapports délicats entre la presse nationale et RFI.

Pour la presse nationale, depuis même avant l’avènement des militaires au pouvoir, on a reproché aux médias locaux, de hurler avec l’ennemi, de “faire l’apologie du terrorisme… de démoraliser la troupe… ”.

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