Au Brésil, Bolsonaro “ne veut pas donner l’impression à ses partisans les plus radicaux qu’il a renoncé”

MARIA MAGDALENA ARRELLAGA / NYT

À quoi joue le président déchu Jair Bolsonaro ? C’est la question que se sont posé mercredi 2 novembre les médias brésiliens. Alors que des dizaines de milliers de partisans bolsonaristes refusant de reconnaître la victoire de Lula, ont protesté à travers le pays, le dirigeant d’extrême droite a réagi en demandant à ses soutiens de débloquer les routes du Brésil tout en cautionnant d’autres “manifestations légitimes”, rapporte le quotidien O Globo.

“D’autres manifestations qui se tiennent dans tout le Brésil, dans d’autres endroits, font partie du jeu démocratique, elles sont les bienvenues”, a estimé Jair Bolsonaro à l’issue d’une journée où ses soutiens, massés devant des lieux de commandement, ont réclamé une intervention de l’armée.

Pour la Folha de Sao Paulo, ces manifestations “se sont enflammées” en grande partie à cause de Jair Bolsonaro. S’il a implicitement reconnu sa défaite mardi face à Lula, il a toutefois affirmé que les “manifestations pacifiques seraient toujours les bienvenues, encourageant les groupes bolsonaristes sur les applis et les réseaux sociaux”, note le quotidien brésilien.

Nombre de ses partisans ont interprété son discours “comme un signe d’approbation”, note le chef du bureau du New York Times au Brésil, Jack Nicas. “Ce qu’il a dit hier, cela m’a donné plus d’énergie pour venir”, a déclaré au quotidien américain Larissa Oliveira da Silva, une jeune brésilienne de 22 ans interrogée lors d’une manifestation à São Paulo.

La journée de mobilisation de mercredi a par ailleurs été entachée par un épisode violent : sur un barrage routier près de Mirassol, dans l’État de Sao Paulo, dans le sud-est du pays, un automobiliste a percuté des manifestants, faisant au moins sept blessés, selon le site brésilien de la chaîne CNN.

“Deux mois délicats” jusqu’à l’investiture

“Le fait que le président sortant soit resté silencieux pendant deux jours après avoir perdu les élections et l’ambiguïté de son discours très bref ont donné des ailes à ses soutiens les plus radicaux” qui sont au cœur des mobilisations de ces derniers jours, note la correspondante du quotidien El País au Brésil, Naiara Galarraga Gortazar. Même si Bolsonaro a “formellement autorisé le transfert du pouvoir [à Lula], il ne veut pas donner l’impression à ses partisans les plus radicaux - ceux qui ne l’ont pas abandonné même au pire moment de la pandémie -, qu’il a renoncé”.

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