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Au Baloutchistan, «chaque jour, des gens disparaissent»

Mama Qadir, 75 ans, figure de la rébellion baloutche, en 2014, lors de sa marche de 2 500 kilomètres entre Quetta et Islamabad.

Dans cette région indépendantiste du Pakistan, des milliers d’opposants au régime d’Islamabad sont capturés, mutilés et tués par des «commandos de la mort».

Mama Qadir Baloutche est à lui seul une ligne rouge. Le rencontrer équivaut donc à la franchir. C’est le risque qu’a pris Sabeen Mahmoud, 40 ans, l’une des figures intellectuelles du Pakistan, directrice du club littéraire The Second Floor où se retrouvent les écrivains «éclairés» de Karachi. C’est à ce club qu’elle a invité Mama Qadir, fin avril, pour discuter des droits de l’homme au Baloutchistan et des disparitions de centaines d’opposants, plutôt de gauche et - c’est si rare au Moyen-Orient - anti-islamistes, dont les corps sont régulièrement découverts horriblement mutilés. A l’issue de cette réunion, l’ intellectuelle a été tuée dans sa voiture par des hommes à moto.

Les talibans et les groupes islamistes pakistanais, toujours avides de célébrer leurs attentats, ont démenti avoir perpétré ce crime ayant secoué les milieux intellectuels pakistanais. On peut les croire, à la différence de la police qui a, elle, évoqué une «inimitié personnelle» pour expliquer le meurtre de Sabeen Mahmoud - elle s’est depuis ravisée.

L’an passé, c’était le journaliste vedette de la chaîne Geo, Hamid Mir, qui avait été blessé par balles dans les mêmes conditions, lui aussi après avoir rencontré le vieux militant baloutche. «Le dénominateur commun à ces assassinats, c’est Mama Qadir, car j’avais reçu des menaces après l’avoir invité à mon émission», a indiqué le journaliste. Sans doute ses assaillants ne voulaient-ils pas le tuer mais lui donner une terrible leçon.

Bête noire. Rencontré à Karachi peu avant la mort de Sabeen Mahmoud, Mama Qadir incarne le refus de laisser impunis les meurtres d’opposants au Baloutchistan. Cette province, grande comme l’Italie et gorgée de ressources minières, est la part la plus noire du Pakistan. Depuis la naissance du «Pays des purs», en 1947, une partie de la population, dont on a du mal à (...)

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