Attention, cette photo montre des inondations en 2018 au Nigeria et non au Cameroun en 2024

Au moment où des inondations meurtrières secouent les populations de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, une image censée montrer l’ampleur de la catastrophe circule sur les réseaux sociaux. Même si une grande partie de cette région du Cameroun demeure sous les flots à mi-septembre 2024, cette photo d’un bébé dans les bras d'une personne, au milieu d'une étendue d'eau, a en réalité été prise en 2018 au Nigeria.

La crise climatique dans le nord et l'Extrême-Nord du Cameroun alarme les autorités administratives et humanitaires depuis août.

"Au moins 11 personnes sont décédées, dont 4 enfants noyés à la suite de fortes pluies dans la ville de Maroua", alerte le 4 septembre une note du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

L’organisation explique qu’en outre, deux diguettes de rétention et un pont se sont rompus dans l’arrondissement de Yagoua, dans l’Extrême-Nord.

<span>Capture d'écran d'une note d'information d'OCHA, réalisée sur www.unocha.org, le 19 septembre 2024</span>
Capture d'écran d'une note d'information d'OCHA, réalisée sur www.unocha.org, le 19 septembre 2024

Pour montrer précisément les dégâts des inondations dans la localité de Yagoua, des internautes font circuler la photo d’un adolescent tenant un bébé dans les bras et tentant de garder la tête hors des flots insalubres.

<span>Capture d’écran Facebook effectuée le 20 septembre 2024</span>
Capture d’écran Facebook effectuée le 20 septembre 2024

Mais cette photo a été prise au Nigeria.

Inondations meurtrières en 2018 au Nigeria

Nous avons procédé à une recherche d’image inversée avec l’outil Google Lens et avons retrouvé le même cliché dans une publication sur le site des Nations Unies (lien archivé ici).

La photo illustre un article publié le 11 octobre 2018 sur des inondations survenues au Nigeria. Sa légende indique qu'elle montre une mère et son enfant qui tentent d'échapper aux eaux de crue au Nigeria, à la suite de pluies torrentielles qui avaient frappé la région dès la mi-juillet 2018.

La photo est créditée au nom de Pierre Trouche pour "UNDAC - United Nations Disaster Assessment and Coordination," une agence onusienne pour l'évaluation et la coordination en cas de catastrophe.

En outre, l’article des Nations Unies relaie l'annonce par le gouvernement nigérian de la mort de 200 personnes et de 1.310 blessés à cause des inondations qui avaient touché une douzaine d'États du Nigeria durant cette période.

Si des inondations meurtrières ont bien eu lieu dans le l'Extrême-Nord du Cameroun, cette image a été prise dans un autre pays.

De "grands dangers sanitaires" en perspective

Le ministère de la Santé du Cameroun redoute de "grands dangers sanitaires" pour les populations de l'Extrême-Nord, après les pluies diluviennes qui s'y sont abattues depuis la fin du mois d'août (dépêche AFP archivée ici).

Selon le décompte du gouvernement, 17 personnes ont péri et 60.777 ménages ont été sinistrés dans cette région située à la frontière du Tchad et du Nigeria, également touchés par des inondations meurtrières.

Le ministère en appelle à "tous les maillons de la chaîne sanitaire de la région", pour "éviter une résurgence d'épidémies qui pourraient profiter de la situation pour alourdir le bilan, notamment sur le plan humain". D'autant que 15 des 32 districts de santé de la région sont toujours en situation d'"urgence réelle".

"La direction de la météorologie au Cameroun annonce une pluviométrie excédentaire avec des cumuls saisonniers évalués à 125% au-dessus de la normale pour la période d'août, septembre et octobre", selon le bilan publié par l'OCHA.

Dans un communiqué publié mi-août, l'OCHA tire la sonnette d'alarme sur l’impact des inondations en Afrique de l’Ouest et centrale où l’organisation a dénombré “plus de 700.000 personnes affectées cette année” (lien archivé ici).

L’organisation déplore des victimes en République centrafricaine, au Tchad, en Côte d'Ivoire, en République démocratique du Congo, au Libéria, au Niger, au Nigeria, au Mali et au Togo. “De plus, au moins 72 personnes auraient perdu la vie par noyade et 699 autres ont été blessées”, selon l’alerte de l'agence onusienne.

20 septembre 2024 Actualisation: Rajoute capture d'écran et lien de la publication Facebook