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Attentat de Barcelone: La police a tué le dernier suspect

par Angus Berwick BARCELONE (Reuters) - La police de Catalogne a abattu lundi Younès Abouyaaqoub, dernier membre encore en fuite de la cellule djihadiste responsable des attentats qui ont fait 15 morts et 120 blessés jeudi dernier en Catalogne. "Nous confirmons que l'individu abattu lors d'une opération à Subirats est Younès Abouyaaqoub, l'auteur de l'attentat terroriste à Barcelone", déclare la police sur son compte Twitter. La commune de Subirats est située à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Barcelone. Younès Abouyaaqoub, jeune Marocain âgé de 22 ans, conduisait la camionnette qui a semé la mort jeudi sur les Ramblas de Barcelone, tuant 13 personnes et faisant 120 blessés. La police catalane lui a également attribué un quatorzième décès, celui d'un homme qu'il a poignardé à mort et dont il a volé la voiture dans sa fuite hors de la capitale catalane. Unique suspect encore en fuite dans l'enquête sur les attentats de jeudi à Barcelone puis dans la station balnéaire de Cambrils, il faisait l'objet d'un avis de recherche largement diffusé en Espagne et dans le reste de l'Europe. Sa mère l'avait exhorté à se rendre, disant préférer le voir en prison que tué. Un employé d'une station-service, sur un tronçon de route entre les communes de Subirats et de Sant Sadurni d'Anoi, a repéré un homme ressemblant à Younes Abouyaaqoub et a prévenu la police. Les forces de police catalanes ont alors convergé vers les lieux, a déclaré la maire de Sant Sadurni, Maria Rosell. Les policiers ont aperçu Abouyaaqoub se cachant dans les vignobles et l'ont abattu sur la route, non loin d'une usine de traitement des eaux usées. Abouyaaqoub portait un dispositif ressemblant à une ceinture d'explosifs et a crié "Allahu Akbar!" lorsqu'il s'est retrouvé en présence des policiers. Il a fallu l'intervention d'un robot de déminage avant que les Mossos d'Esquadra, la police autonome de Catalogne, confirment son identité. "Peu avant 17h00, les policiers ont tué par balles Younes Abouyaaqoub, le chauffeur du fourgon utilisé dans l'attaque qui a fait 14 morts à Barcelone", a déclaré Carles Puigdemont, président de la Généralité de Catalogne, lors d'une conférence de presse. Cristiano Pecchi, un touriste italien, a entendu tout d'abord des tirs vers 16h00 (14h00 GMT). Peu après, a-t-il dit, 20 à 30 véhicules de police sont arrivés, ainsi que des hélicoptères et des ambulances. La mort de Younes Abouyaaqoub met fin à une chasse à l'homme qui a duré cinq jours et s'était élargie à toute l'Europe. Sur les onze autres membres de la cellule, sept ont trouvé la mort et quatre - trois Marocains et un habitant de l'enclave espagnole de Melilla - ont été arrêtés par les forces de l'ordre. Ils seront traduits devant l'Audience nationale, la haute cour de justice de Madrid, compétente pour les affaires de terrorisme. SOUS LES RADARS Revendiqués par l'organisation Etat islamique, les attentats, les plus meurtriers subis par l'Espagne depuis les attaques à la bombe de mars 2004 contre des trains de banlieue à Madrid, ont fait au total 15 morts et 120 blessés. Sur les 50 victimes qui étaient toujours hospitalisées lundi, huit sont dans un état critique et douze dans un état grave, selon les autorités. La plupart des membres de la cellule djihadiste étaient issus de la communauté marocaine et vivaient à Ripoll, une petite commune de 11.000 habitants située au pied des Pyrénées, dans le nord de la Catalogne. Un ancien imam de la ville, Abdelbaki Es Satty, est considéré comme le cerveau du groupe, à l'origine de l'endoctrinement des onze autres. Ainsi que les enquêteurs le pensaient depuis plusieurs jours, le chef de la police autonome de Catalogne, Josep Lluis Trapero, a confirmé lundi que des "indices solides" établissaient qu'Es Satty avait péri dans l'explosion d'une maison à Alcanar, au sud de Barcelone, la veille des attentats. Les enquêteurs, qui ont découvert dans cette maison une centaine de bonbonnes de gaz et du tripéroxyde d'acétone (TATP), une substance explosive, sont persuadés que les djihadistes y préparaient des attentats de plus grande envergure. L'explosion accidentelle les a conduits à revoir leurs plans et à mener des attaques moins sophistiquées. Aucun des membres de la cellule djihadiste n'était connu des services de sécurité. Les autorités belges ont confirmé lundi qu'Es Satty avait séjourné de janvier à mars 2016 dans la région de Bruxelles. Mais un porte-parole du parquet fédéral a déclaré qu'il n'était jamais apparu sur le radar de l'antiterrorisme. "L'imam était absolument inconnu des services du procureur fédéral", a dit Jean Thoureau. Il a quitté Bruxelles au moment des attentats du 22 mars 2016 contre l'aéroport de Zaventem et dans la station de métro de Maelbeek, mais aucun lien n'a été établi entre ces carnages et l'imam, a précisé Thoreau. La police catalane a déclaré lundi soir que l'enquête était toujours en cours, y compris au niveau international. Elle a demandé des informations sur le séjour d'Es Satty en Belgique l'an dernier, a déclaré Thierry Werts, autre porte-parole du procureur fédéral. Hans Bonte, bourgmestre de la ville de Vilvoorde près de Bruxelles, a indiqué à la chaîne publique flamande VRT que l'imam était venu pour chercher du travail. Concernant la France, Le Parisien a rapporté dimanche que l'Audi utilisée dans l'attaque à Cambrils avait été flashée par un radar une semaine plus tôt en région parisienne. (avec Adrian Croft et Julien Toyer à Madrid; Henri-Pierre André et Eric Faye pour le service français)