Mort d'Abdelhamid Abaaoud, l’homme derrière les attentats de Paris

Abdelhamid Abaaoud était le francophone le plus recherché. Il a joué un rôle central dans des attentats et tentatives perpétrés sur le territoire national depuis dix huit mois. C'est également l'homme qui est derrière les attaques à Paris de vendredi soir. Il a été tué hier lors de l'assaut du RAID dans un appartement de Saint-Denis.

Mort d'Abdelhamid Abaaoud, l’homme derrière les attentats de Paris

Le commanditaire présumé des attentats de Paris et Saint-Denis, Abdelhamid Abaoud, a été tué mercredi dans l'assaut donné par la police contre un appartement de Saint-Denis. Son corps, "criblé d'impacts", a été "formellement identifié", "après comparaison" des empreintes digitales, a expliqué le procureur François Molins.  "On ignore par ailleurs à ce stade si Abaaoud s'est fait - ou non - exploser", a indiqué le parquet.

Qui est-il ?

Âgé de 28 ans, l’homme originaire du quartier bruxellois de Molenbeeck serait directement impliqué aujourd’hui dans les attentats tragiques qui ont endeuillé la capitale vendredi dernier. Selon plusieurs sources, il est d’ailleurs l’un des intimes de Salah Abdeslam ; l’un des membres présumés et toujours en fuite du large commando qui a visé le Bataclan, le Stade de France, et plusieurs commerces du Xe et XIe arrondissement de la capitale le vendredi 13 novembre.

Son parcours

Débarqué en Syrie il y a près de deux ans, Abdel Abaaoud aurait peu à peu gravi les échelons dans la hiérarchie de Daesh, au point d’en devenir un rouage essentiel, chargé du recrutement, de l’entraînement et de la planification d’attentats en Europe – et plus particulièrement en France- au moyen de jeunes combattants qu’il aurait préalablement eu sous ses ordres. Dans la région syrienne de Raqqa, l’homme affiche une réputation de tueur sanguinaire, et se met en spectacle sur une vidéo de propagande où on l’aperçoit tirer des corps attachés au 4x4 qu’il conduit.

En janvier 2015, alors que Paris est la cible des attaques sanglantes menées par les frères Kouachi et Amédy Coulibaly, il coordonne la cellule jihadiste belge de Verviers, démantelée in extremis par les services de sécurité belges. Malgré ce revers, Abaaoud – rebaptisé de son nom de guerre Abou Omar Soussi – qui a fait venir en Syrie son jeune frère Younès alors tout juste âgé de 15 ans, planifie d’autres actions sanglantes. Et son nom et son implication vont peu à peu se mêler avec le parcours de jihadistes français.

Des salles de concerts visées

Si son rôle supposé en Syrie ne fait pas mystère pour les services spécialisés, des témoignages vont asseoir sa réputation. A la mi-août, un jeune français prénommé Réda H. est interpellé en région parisienne à son retour de Syrie, sur la base d’une information fournie par un jihadiste espagnol.

Lors de sa garde à vue, le suspect va relater son parcours : un bref passage d’une dizaine de jours dans la région de Raqqa où il suit un entraînement militaire intensif visant à acquérir une technique de combat nécessaire à la réalisation d’attentats en Europe. Blessé lors d’un exercice, il se voit confier la mission de cibler des salles de concerts en France.

Des liens avec Sid Ahmed Ghlam et Ayoub El-Khazzani

Mais il sera interpellé peu après son retour en France à la suite d’un périple ou il passe par la Turquie, la Pologne, la République Tchèque et les Pays-Bas.  Pourtant, selon plusieurs sources, ce funeste projet lui aurait été confié par un homme : Abdelhamid Abaaoud. Ce même homme qui a connu il y a plusieurs années l’un des membres du commando du Bataclan. Abdelhamid Abaaoud, qui au cours des dix huit derniers mois, aurait été en contact  Sid Ahmed Ghlam et Ayoub El-Khazzani, le tireur du Thalys.

Comment a-t-il été repéré ?

C'est grâce au témoignage d'un individu, faisant état de la présence d'Abdelhamid Abaaoud sur le sol français, que les enquêteurs se sont lancés sur les traces du terroriste. Hasna Ait Boulahcen a été mise sur écoutes en début de semaine en raison de ses liens avec le suspect. L'immeuble de Saint-Denis, dans lequel était Hasna Ait Boulhacen, a ensuite été placé sous surveillance par les autorités. Mercredi 18 novembre, vers 4h30, le RAID est passé à l'action en donnant l'assaut contre cet appartement. Hasna Ait Boulahcen se fait exploser. Le commanditaire des attentats de Paris est tombé sous les balles des forces de l'ordre. Pendant cet assaut qui a duré plus de 7h30, pas moins de 5.000 balles ont été tirées.

Adrien Cadorel