Attentat de Conflans : Baraka City, CCIF... Quelles sont ces associations que Gérald Darmanin veut dissoudre ?

Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur

Le ministre de l’Intérieur décrit des “associations ennemies de la République”. Une prise de position qui divise.

Le Collectif Contre l'Islamophobie en France (CCIF) et Baraka City, deux associations sont dans le viseur des autorités après l’attentat de Conflans, qui a coûté la vie à Samuel Paty, un professeur d’histoire décapité après avoir montré en cours des caricatures du prophète Mahomet.

Invité sur Europe 1 ce 19 octobre, le ministre de l’Intérieur a annoncé qu’il allait proposer la dissolution de ces deux associations, “ennemies de la République. Il faut arrêter d’être naïfs et voir la vérité en face : il n’y a aucun accommodement possible avec l’islamisme radical. Tout compromis est une compromission”, a notamment déclaré Gérald Darmanin.

Des “propagateurs de séparatisme”

Selon le journaliste du Monde Nicolas Chapuis, le ministère de l’Intérieur “reproche à ces associations d'être des propagateurs de séparatisme, de prêcher non pas seulement les valeurs de l'islam, mais de prêcher que l'islam est supérieur à la République et donc qu'il faut obéir à l'islam et pas à la République

Le CCIF, une association de soutien juridique

Le CCIF est une association créée en 2000 pour apporter un soutien juridique aux personnes victimes d’actes illégaux qu’ils estiment islamophobes. Son nom apparaît dans le cadre de l’assassinat de Samuel Paty. Certains pointent du doigt sa participation à la campagne de dénigrement lancée contre le professeur sur les réseaux sociaux par le père d’une collégienne.

Des allégations démenties par le CCIF, qui annonce saisir la justice. Mais le nom de Collectif Contre l'Islamophobie en France est également directement évoqué par le père d’une collégienne, auteur d’une vidéo appelant “à la mobilisation contre l'enseignant” sur Facebook.

Le CCIF, à l’origine d’une marche qui avait fait polémique

Brahim C. y incitait ses “frères et sœurs” à faire “au minimum un courrier au collège, au CCIF, à l’inspection académique ou au ministre de l’éducation ou au président”. Des propos réitérés le 11 octobre : “Si vous souhaitez nous soutenir et nous aider et porter plainte, soyons nombreux à dire STOP TOUCHE PAS À NOS ENFANTS. Contacter le CCIF”. À la fin de ce message, Brahim C. y ajoute le numéro de téléphone du CCIF, rappelle Le Monde.

L’an dernier déjà, le CCIF était au coeur d’une polémique. Le Collectif était à l’origine de la “marche contre l’islamophobie”, qui s’est déroulée en novembre 2019. Une initiative qui avait suscité la polémique, en raison de l’identité de certains participants, et de l’utilisation du terme d’islamophobie.

“Ils veulent lutter pour un islam politique”

En marge de cette manifestation, Gabriel Attal, alors secrétaire d’Etat à la Jeunesse évoquait sur Europe 1 la présence de “personnes qui incarnent le communautarisme islamiste” tandis que la porte-parole LREM Aurore Bergé dénonçait sur BFM les mots employés. “Parler d'islamophobie, c'est justement non pas dénoncer le racisme, c'est interdire de critiquer une religion. Ceux qui manifestent aujourd'hui vont dévoyer un combat essentiel contre le racisme, ils veulent lutter pour un islam politique”. Dans leur viseur, le CCIF, organisateur de la marche.

Une gêne qui s’est fait ressentir notamment au sein du Parti Socialiste. Son premier secrétaire Olivier Faure dénonçait alors “une dérive anti laïque et anti républicaine”, au sujet de l’appel à manifester.

Baraka City, jugée proche des Frères Musulmans

Autre association dans le viseur des autorités, Baraka City, association islamique à but non lucratif créée en 2008 dans le Val-d’Oise. L’association se présente comme une “association humanitaire basée sur les valeurs islamiques qui vient en aide aux populations démunies partout dans le monde”.

L’association est notamment pointée du doigt pour sa proximité supposée avec les Frères musulmans, organisation internationale de promotion de l’islam politique. Des liens qu’elle a toujours nié.

Son fondateur refuse de serrer la main aux femmes

Derrière l’association, son fondateur, Idriss Sihamedi, et ses déclarations polémiques. En 2016, sur Canal +, il justifiait le fait de ne pas serrer la main aux femmes. Des propos réitérés en mars dernier, lors de l’introduction des mesures de distanciation physique face au Covid-19.

Un homme connu de la justice. Mercredi dernier, Idriss Sihamedi, de son vrai nom Driss Yemmou, était interpellé et placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête pour harcèlement sur les réseaux sociaux. Zohra Bitan, chroniqueuse sur RMC, a déposé plainte après "120 tweets diffamatoires" publiés sur son compte Twitter, suivi par 34.700 personnes.

Autre volet de la plainte, la création "d'un hashtag dénonçant sa personne, repris dans près de 1500 tweets" ainsi que la publication d'une "photographie d'un courrier recommandé volé dans sa boîte aux lettres", expliquait à l’AFP la procureure Caroline Nisand.

Placé en garde à vue pour harcèlement

En septembre dernier, Idriss Sihamedi s'en prenait dans de nombreux tweets à l'écrivaine et ancienne journaliste de Charlie Hebdo, Zineb El Rhazoui, qu'il taxe d'islamophobie et "d'imposture", tout en lançant des accusations sur sa vie privée. Accusations notamment proférées via le hashtag #balancezinebelrhazoui. Des propos qui avaient valu à Zineb El Rhazoui le soutien de Gérald Darmanin contre des "réseaux ultra violents qui menacent son intégrité et celle de sa famille".

Depuis l’annonce du ministre de l’Intérieur de vouloir dissoudre le CCIF et Barakacity, les soutiens se font connaître sur les réseaux sociaux.