Attentat à Conflans: qui sont les cinq adultes et les deux mineurs déférés devant le juge?

Sept personnes, dont deux mineurs, vont être présentées à un juge antiterroriste ce mercredi. Ils risquent d'être mis en examen en raison de leurs liens avec le terroriste qui a assassiné Samuel Paty.

Après plusieurs jours de garde à vue, sept des seize personnes suspectées d'avoir un lien avec le meurtre de Samuel Paty vont être présentées à un magistrat antiterroriste ce mercredi. Ces cinq adultes et deux mineurs risquent ainsi d'être mis en examen après l'assassinat de cet enseignant de 47 ans décapité vendredi près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine par un réfugié d'origine tchétchène pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression.

BFMTV.com fait le point sur ces sept individus suspectés d'avoir eu un lien, de près ou de loin, avec Abdoullakh A.

· Le père d'une élève qui a échangé avec le terroriste avant l'attaque

Ce parent d'élève a appelé à la mobilisation contre Samuel Paty après son cours sur la liberté d'expression, le 5 octobre, où il a présenté des caricatures de Mahomet. Informé par sa fille - qui n'était pourtant pas présente au cours du professeur - de cet épisode, il a posté un message sur Facebook le 7 octobre, appelant à l'exclusion de Samuel Paty. Il a fait de même dans une vidéo le 12 octobre.

Les enquêteurs antiterroristes s'intéressent également à des messages échangés sur WhatsApp entre ce père et l'assaillant. Selon nos informations, au lendemain du premier message sur les réseaux sociaux du père de famille, le terroriste l'a appelé et a tenu un conversation avec lui pendant un peu plus d'une minute. Le père assure ne pas se souvenir de cette discussion, expliquant aux enquêteurs que son téléphone est saturé d'appels en réaction à son message sur Facebook.

Le samedi 10 octobre, en fin de journée, le terroriste entre en contact avec lui par écrit, via Whatsapp. Ils échangent quelques messages, le terroriste lui raconte qu'il a découvert qu'"exactement la même histoire" a eu lieu "en 2015". Le père lui répond que "grâce à allah", ça ne lui dit rien, mais que "ce n'est pas moral". Trois jours plus tard, ils s'appellent de nouveau, mais le père affirme encore ne pas s'en souvenir. Il soutient aux enquêteurs qu'il ne connaît pas l'assaillant.

· Abdelhakim Sefrioui, le prédicateur islamiste

Le sulfureux militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, fiché S depuis des années, a lui aussi contacté le père de famille le 7 octobre, à la suite de son post sur Facebook. Il l'a ensuite accompagné dans sa mobilisation en se rendant notamment avec lui au collège pour rencontrer la direction et réclamer l'exclusion de Samuel Paty.

Le fondateur du collectif pro-palestinien Cheikh Yassine - dont Macron a annoncé la dissolution - a également participé à la deuxième vidéo publiée sur Facebook par le père.

· Trois amis d'Abdoullakh A.

Trois amis de l'assaillant, qui se sont livrés spontanément au commissariat d'Evreux vendredi soir après l'attaque, doivent aussi être entendus par un juge. Selon une source proche du dossier, l'un d'entre eux est soupçonné d'avoir convoyé l'assaillant, tandis qu'un autre est suspecté de l'avoir accompagné à Rouen pour acheter l'arme qui a servi lors de son attentat. Abdoullakh A. aurait prétexté vouloir l'offrir à son grand-père.

· Deux collégiens qui ont accepté de l'argent de la part du terroriste

Selon nos informations, un élève de 14 ans a raconté aux enquêteurs durant sa garde à vue que vendredi dernier, à la sortie du collège à 14h00, un homme lui a demandé de lui indiquer Samuel Paty en échange d'un peu plus de 300 euros. Il explique à l'adolescent qu'il veut trouver le professeur pour le filmer et lui demander des excuses pour avoir montré les caricatures. L'élève, qui se dit impressionné par la quantité d'argent et qui ne mesure pas à ce moment là la gravité des faits, accepte. Il affirme ne pas avoir vu d'arme sur l'homme.

Durant les heures qui suivent, l'adolescent reste devant le collège et en discute avec quatre de ses amis qui décident d'attendre avec lui la sortie de Samuel Paty. Selon lui, durant ce laps de temps, l'assaillant est également resté non loin du parking à côté du collège.

Quand le professeur d'Histoire sort finalement de l'établissement, l'un des cinq élèves court vers l'assaillant pour le prévenir. Le groupe ne voit pas la suite des événements. Tous les cinq se partagent l'argent, et apprennent peu après ce qu'il s'est passé. En garde à vue, l'un d'entre eux explique ne pas avoir prévenu d'adulte par peur de l'homme et parce qu'il y avait de l'argent en jeu. Il affirme le regretter terriblement.

· Neuf gardes à vue levées

Les gardes à vue de neuf autres personnes ont été levées mardi soir, sans qu'elles fassent l'objet de poursuites à ce stade. Parmi ces personnes figurent trois collégiens, les parents, le grand-père et le petit frère du meurtrier, mais aussi la compagne d'Abdelhakim Sefrioui ainsi qu'un homme déjà condamné pour terrorisme et qui a été en contact avec l'assaillant.

Article original publié sur BFMTV.com

Ce contenu peut également vous intéresser :