Attaques du Hamas en Israël : la Nupes se divise encore sur les propos de Mélenchon et LFI
POLITIQUE - Du « dégoût » de certains socialistes aux accusations d’antisémitisme « masqué » d’Élisabeth Borne, La France insoumise est sévèrement critiquée, ce dimanche 8 octobre pour ses prises de position sur les attaques du Hamas contre Israël. Même du côté des unionistes convaincus.
Depuis Bordeaux, où elle assistait au campus de rentrée du parti présidentiel Renaissance, la Première ministre n’a guère pris de gants pour dénoncer les « ambiguïtés révoltantes » du parti de Jean-Luc Mélenchon qui a mis en balance les actes du Hamas et la politique du gouvernement israélien. Selon la cheffe du gouvernement, l’« antisionisme » de LFI est « aussi une façon de masquer de l’antisémitisme ».
Ses propos ont mis en fureur les dirigeants insoumis. Ils sont « ignobles », a répondu le coordinateur de LFI, Manuel Bompard. « J’ai exprimé la position constante de notre pays depuis de Gaulle », s’est indigné Jean-Luc Mélenchon. Une controverse qui ouvre également un nouveau front dans la crise sans fin que traverse l’alliance des partis de gauche à l’Assemblée.
Pour Guedj (PS) « la question » de l’alliance « se pose »
Toute prise de position qui ne condamne pas « avec clarté » le Hamas palestinien « me dégoûte », a ainsi asséné le député socialiste Jérôme Guedj, dès ce samedi sur BFMTV. Pour lui, il n’est pas acceptable de renvoyer dos à dos le mouvement islamiste et la politique israélienne, comme le fait LFI. À tel point que pour ce fervent partisan de la Nupes, « la question » de rester dans l’alliance « se pose » désormais.
« L’offensive armée de forces palestiniennes menée par le Hamas intervient dans un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est », avait affirmé LFI samedi, se gardant bien d’employer le mot de « terrorisme ». Et plusieurs députés insoumis sont allés encore au-delà, tel Louis Boyard qui a accusé le gouvernement français d’avoir fermé les yeux sur « la colonisation et les exactions en Palestine ».
Un vocabulaire employé qui passe mal auprès des partenaires socialistes. « Ça me fout les boules, je n’ai pas d’autres mots, de constater que parfois [l’humanité commune] s’évacue et disparaît, singulièrement dès qu’il est question d’Israël », a encore expliqué Jérôme Guedj ce dimanche sur Radio J, « ça me dégoûte de voir et de constater que certains - le communiqué du groupe LFI, les tweets de [Louis] Boyard, de Jean-Luc Mélenchon et peut-être de quelques autres - ont immédiatement été dans une forme de relativisme, de renvoi dos à dos. »
Même tonalité pour sa collègue, la députée socialiste Valérie Rabault, plus réservée depuis le début sur l’alliance à l’Assemblée. « Que certains à gauche parlent du Hamas comme “des forces armées palestiennes” me dégoûte. Le Hamas est une organisation terroriste », a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux. La veille, la sénatrice PS Laurence Rossignol avait directement répondu à Louis Boyard en lui lançant : « Les juifs sont toujours responsables de ce qui leur arrive. C’est une constante du discours antisémite. »
Ruffin se distingue des Insoumis
La violence des mots en dit long sur les difficultés de la gauche à s’entendre sur l’un des dossiers les plus chauds de la diplomatie, domaine réservé du président de la République. Sur l’Ukraine aussi, LFI se voit régulièrement reprocher son faible soutien à Kiev, son opposition vis-à-vis de l’Otan, et des déclarations passées de Jean-Luc Mélenchon jugées complaisantes avec la Russie.
Dans ce contexte, la prise de position sur Israël du député insoumis de la Somme François Ruffin n’est pas passée inaperçue : celui qui est vu comme un candidat potentiel en 2027 s’est distingué au sein de son parti en exprimant sa « condamnation totale de l’attaque du Hamas », tout en s’inquiétant que la réponse soit « dans les mains du gouvernement israélien le plus brutal depuis trente ans ».
Israël, qui déplore des centaines de morts et des dizaines de personnes détenues, a commencé à riposter à l’opération du Hamas en bombardant Gaza, où il y a plus de 370 morts, selon les autorités locales. La réaction de François Ruffin a été soutenue sur la plateforme X par un autre député LFI, Alexis Corbière, qui, comme lui, n’appartient pas au cercle rapproché de Jean-Luc Mélenchon.
Mélenchon se défend
Une position proche de celle des écologistes et des communistes : « L’urgence, c’est d’abord de condamner l’agression, l’acte terroriste », a dit Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, sur France 3, sans manquer l’occasion de regretter le manque de « clarté » de La France insoumise, mais en critiquant à nouveau « une situation d’apartheid dans les territoires [palestiniens] occupés »
"Il y a bien une situation d'#Apartheid dans les territoires occupés" estime @Fabien_Roussel, reprenant les termes du communiqué @deputesPCF. Il pointe du doigt la responsabilité "du gouvernement israélien d'extrême-droite et suprémaciste".#DimPol @letellier_ftv @france3 pic.twitter.com/dBhrwzrKec
— DimancheEnPolitique (@DimPolitique) October 8, 2023
Sur X, Jean-Luc Mélenchon a accusé de son côté la Première ministre de « profiter de la guerre au Moyen-Orient pour mener sa guerre contre LFI ». « L’approbation du massacre en cours déshonore Mme Borne. La France ne parle pas comme ça ! », a-t-il ajouté dans une référence apparente aux opérations de représailles israéliennes, avant d’accuser la Première ministre de « ralliement » à « un point de vue étranger ».
À noter qu’il est un parti, à gauche de LFI, qui suscite une polémique encore plus vive : le Nouveau parti anticapitaliste (NPA). « Nous sommes tous et toutes Palestiniennes », a proclamé le parti de Philippe Poutou et Olivier Besancenot en affirmant sans ambiguïté son soutien à la « résistance palestinienne ». Alors que la Première ministre Élisabeth Borne s’est interrogée sur un possible « apologie du terrorisme », l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a annoncé son intention de déposer plainte.
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