Attaque meurtrière dans le Golan annexé : le risque d'une escalade guerrière entre Israël et le Liban ?

Si les tirs de roquettes entre Israël et le Liban sont quotidiens depuis le 8 octobre, les tensions qui se sont accrues depuis un mois ont encore franchi un palier ce samedi 27 juillet. Faisant ainsi craindre une guerre ouverte entre les deux parties, et un embrasement régional.

Un risque d'escalade accru au Moyen-Orient. Alors que la guerre continue de faire rage entre Israël et le Hamas - ayant fait au moins 39 324 morts à Gaza selon des données du ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien -, la situation se tend fortement à la frontière libanaise.

En cause? Une roquette tirée sur le plateau du Golan, annexé par Israël, ce samedi 27 juillet qui a tué au moins douze "jeunes garçons et filles" âgés de 10 à 16 ans sur un terrain de football de la ville de Majdal Shams. Environ 30 blessés étaient encore hospitalisés en Israël dimanche matin.

Pour Israël, le responsable de cette attaque ne fait pas de doute: le Hezbollah, allié libanais du Hamas, qui a de son côté nié être l'auteur de ce tir.

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Les coups de feu sont quotidiens entre ces deux parties depuis le 8 octobre, date à laquelle en soutien au Hamas, le Hezbollah a ouvert le front contre Israël.

L'État hébreu a lancé à cette même date une offensive contre le mouvement islamiste palestinien à Gaza en riposte aux attaques terroristes survenues la veille ayant fait 1 195 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l'Agence France presse.

Si à la fin du mois de juin dernier, les tensions s'étaient déjà fortement exacerbées, les deux parties s'étaient abstenues de toute action susceptible de dégénérer en une guerre plus vaste dans le sud du Liban.

Mais ce tir de roquette sur le plateau du Golan est survenu après l'annonce par une source de sécurité libanaise que quatre combattants du Hezbollah avaient été tués le même jour par une frappe israélienne dans le sud du Liban.

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De plus, il vise la communauté druze, une minorité religieuse, qui constitue environ la moitié de la population du plateau du Golan, à cheval entre la Syrie, le Liban et l'Israël. Ce territoire stratégique, riche en eau, a été en partie conquis par Israël sur la Syrie lors de la guerre israélo-arabe de 1967 et annexé aux deux tiers le 14 décembre 1981.

Les Druzes sont nombreux à conserver la nationalité syrienne mais peuvent étudier et travailler en Israël, sans avoir le droit de voter.

"C'est cette communauté très spécifique qui a été touchée. Cela complique encore un petit peu plus la situation au nord d'Israël et du sud Liban", constate le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense pour BFMTV.

"Ça a toujours été un endroit très délicat", abonde Tamar Sebok, consultante spécialiste d'Israël et consultante BFMTV.

Le risque d'une entrée en guerre de l'Israël et du Liban s'est ainsi accru ce samedi. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a assuré que son pays "ne laisserait pas cette dernière attaque meurtrière "sans réponse" et que le Hezbollah en "paierait le prix fort, un prix qu'il n'a jamais payé auparavant".

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Le ministère israélien des Affaires étrangères a estimé ce dimanche que le Hezbollah avait "franchi toutes les lignes rouges". "La roquette qui a tué nos garçons et nos filles était une roquette iranienne, et le Hezbollah est la seule organisation terroriste qui en possède dans son arsenal", a déclaré le ministère dans un communiqué.

"Israël exercera son droit et son devoir d'autodéfense et répondra à ce massacre", a-t-il souligné.

Benjamin Netanyahu, qui va rentrer plus tôt que prévu d'une visite aux États-Unis doit présider une réunion du comité de sécurité plus tard dans la journée.

Un nouveau conflit entre Israël et le Hezbollah -déjà officiellement entrés en guerre en 2006- risquerait d'entraîner d'autres pays dans son sillage.

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L'Iran d'abord, "ennemi juré" d'Israël qui soutient le Hezbollah. Téhéran a mis en garde l'État hébreu dimanche contre les "conséquences imprévisibles" de nouvelles "aventures" militaires au Liban.

"Toute action (...) du régime sioniste peut conduire à l'aggravation de l'instabilité, de l'insécurité et de la guerre dans la région", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, ajoutant qu'Israël serait responsable des "conséquences et des réactions imprévisibles à un tel comportement stupide".

La Syrie pourrait aussi être plongée dans cet embrasement: Damas est en effet un allié non seulement de l'Iran mais aussi du Hezbollah libanais, soit un membre de l'"Axe de la résistance".

Autre possible protagoniste: les rebelles Houtis au Yémen qui ont déjà ouvert depuis le 7 octobre des fronts contre Israël en "soutien" aux Palestiniens du territoire assiégé. Le 22 juillet dernier, ces rebelles avaient menacé Israël d'une "réponse énorme" à ses frappes meurtrières contre son port de Hodeida, survenues au lendemain d'une attaque de drone meurtrière à Tel-Aviv menée par les Houthis.

"On est dans un contexte extrêmement compliqué", souligne le général Jérôme Pellistrandi. "On a le Hamas à la bande de Gaza, les Houthis qui ont tiré sur le territoire israélien, maintenant les Druzes israéliens attaqués depuis le sud Liban, et il ne faut pas oublier l'Iran derrière".

"On a vraiment tous les ingrédients pour une dégradation de la situation dans les jours et les semaines à venir", explique-t-il.

Cette situation fait monter l'inquiétude à l'internationale. L'ONU a exhorté "les parties à faire preuve de la plus grande retenue", une intensification des échanges de tirs pouvant "déclencher une conflagration plus large qui engloutirait toute la région dans une catastrophe inimaginable".

Washington a réaffirmé son soutien à Israël, assurant "soutenir les efforts visant à mettre fin à ces terribles attaques". "Mais nous ne voulons pas non plus que le conflit s'aggrave. Nous ne voulons pas qu'il s'étende. C'est l'un de nos objectifs depuis le premier jour, depuis le 7 octobre, et nous continuerons à le faire", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken ce dimanche.

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Josep Borrell, a, lui, réclamé une "enquête internationale indépendante".

Quand la ministre allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock a condamné l'attaque "épouvantable" qui a fait 12 victimes sur le plateau du Golan tout appelant à "agir avec sang-froid".

"Les attaques perfides doivent cesser immédiatement. Il est désormais important d'agir avec sang-froid. Beaucoup trop de personnes sont déjà mortes dans ce conflit", a-t-elle déclaré sur X (ex-Twitter).

Le risque d'une escalade guerrière au Moyen-Orient est donc grand à l'heure où la résolution du conflit à Gaza, qui entre dans son dixième mois et où la situation humanitaire est catastrophique, et la libération des otages patine.

Article original publié sur BFMTV.com