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Attaque djihadiste présumée à Ouagadougou : 18 morts dont un Français

L'attaque dimanche soir d'un café-restaurant à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, par deux djihadistes présumés, a fait 18 morts, dont un Français, et plusieurs blessés, a-t-on appris lundi auprès des autorités. /Photo prise le 14 août 2017/REUTERS/Bonaventure Pare

par Thiam Ndiaga OUAGADOUGOU/PARIS (Reuters) - L'attaque dimanche soir d'un café-restaurant à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, par deux djihadistes présumés, a fait 18 morts, dont un Français, et plusieurs blessés, a-t-on appris lundi auprès des autorités. "C'est une attaque terroriste", a déclaré le ministre burkinabé de la Communication, Rémi Dandjinou, lors d'une conférence de presse. L'attentat n'a pas été revendiqué. Les deux assaillants ont été abattus par les forces de l'ordre, portant le bilan final à 20 morts, a-t-il précisé. Les personnes piégées à l'intérieur du bâtiment ont été libérées. Tandis que des tirs retentissaient, un journaliste de Reuters a vu des clients sortir en courant du restaurant Istanbul, situé dans le centre de la capitale, lequel était cerné par les forces de l'ordre. En France, le parquet de Paris a ouvert une enquête en flagrance des chefs "d'assassinat en lien avec une entreprise terroriste et d'association de malfaiteurs terroriste criminelle", confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Outre un Français, ont également trouvé la mort lors de l'attaque sept Burkinabés, deux Canadiens, deux Koweïtiens, un Nigérian, un Sénégalais, un Turc et trois Libanais dont un ayant aussi la nationalité canadienne, selon les bilans donnés par le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Alpha Barry et par son homologue canadienne Chrystia Freeland ainsi que par ministère libanais de l'Intérieur. Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu dans la journée avec Roch Marc Christian Kaboré. Les deux chefs d'Etat ont notamment évoqué l'accélération de la mise en place d'une nouvelle force multinationale destinée à lutter contre les djihadistes au Sahel. Une femme qui se trouvait dans le restaurant pour fêter l'anniversaire de son frère au moment de l'attaque a raconté des scènes de panique. "J'ai fui mais mon frère est resté à l'intérieur", a-t-elle déclaré à Reuters TV. NOUVEAUX CONTACTS L'attaque de dimanche rappelle celle de janvier 2016 contre un restaurant et un hôtel à Ouagadougou, lors de laquelle trente personnes avaient été tuées, en majorité des étrangers. Six Canadiens avaient notamment trouvé la mort. L'attaque avait été revendiquée par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Aqmi et les groupes islamistes qui lui sont rattachés, étaient plutôt présents au Sahara avant de détourner à leur profit la rébellion des séparatistes touaregs au Mali en 2012 et de pousser plus au sud. Les forces françaises sont intervenues l'année suivante pour les empêcher de s'emparer de Bamako, la capitale malienne. Mais la nébuleuse s'est néanmoins peu à peu imposée dans la région, avec des attentats à Bamako, au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire et de petites attaques contre des objectifs militaires. Au Mali, une alliance de groupes djihadistes maliens rattachée à Al Qaïda a revendiqué en juin une attaque sur un hôtel proche de Bamako, qui a fait cinq morts dont deux binationaux français. Un nouvel incident a eu lieu lundi à Douentza, dans le centre du Mali. Des hommes ont ouvert le feu sur des militaires maliens et des casques bleus de l'Onu. Un soldat malien a été tué, selon les autorités maliennes. Un casque bleu a également été tué, a indiqué un porte-parole de l'Onu à New York. Lundi encore au Mali, une base de l'Onu à Tombouctou a été attaquée, a fait savoi l'Onu. Les chefs d'Etat du G5 Sahel (Mali, Tchad, Mauritanie, Niger, Burkina Faso) ont lancé le mois dernier une force conjointe pour lutter contre les groupes djihadistes qui continuent leurs activités meurtrières au Sahel malgré la présence du contingent français de la force "Barkhane" et des casques bleus de la mission de l'Onu (Minusma). La force n'est cependant pas encore opérationnelle et connaît des difficultés budgétaires. Selon la présidence française, Macron et Kaboré sont tombés d'accord pour dire qu'il était "impératif" d'accélérer la mise en oeuvre de la force. De nouveaux contacts entre les deux présidents, ainsi qu'avec les chefs d'Etat de la région, doivent avoir lieu dans les jours qui viennent. "Le président de la République rappelle que la France demeurera engagée aux côtés des pays de la région pour poursuivre la lutte contre les groupes terroristes et accélérer la mise en place de la force du G5 Sahel", lit-on dans un communiqué de l'Elysée. (Avec Reuters TV, Tim Coks à Dakar et Yves Clarisse et Sudip Kar-Gupta à Paris et Diemoko Diallo à Bamako; Julie Carriat, Gilles Trequesser et Danielle Rouquié pour le service français)