Attaque chimique: Les USA accusent Moscou de "couvrir" la Syrie

L'équipe de Donald Trump a accusé mardi la Russie de tenter de couvrir le gouvernement syrien pour l'attaque chimique meurtrière du 4 avril dernier en Syrie tandis que le chef de la diplomatie américaine est à Moscou pour dire au Kremlin qu'il condamne son soutien au président syrien Bachar al Assad. /Photo d'archives/REUTERS/Yuri Gripas

par Steve Holland et Andrew Osborn WASHINGTON/MOSCOU (Reuters) - L'équipe de Donald Trump a accusé mardi la Russie de tenter de couvrir le gouvernement syrien pour l'attaque chimique meurtrière du 4 avril dernier en Syrie tandis que le chef de la diplomatie américaine est à Moscou pour dire au Kremlin qu'il condamne son soutien au président syrien Bachar al Assad. Selon de hauts responsables de la Maison blanche, qui ont fait un point pour la presse sous le sceau de l'anonymat, c'est le gouvernement de Bachar al Assad qui a mené l'attaque du 4 avril au gaz sarin sur le village de Khan Cheikhoune dans la province d'Idlib, qui a fait 87 morts dont de nombreux enfants. Il s'agissait de faire pression sur les rebelles qui ont réalisé des avancées dans le secteur, indiquent ces responsables. Les USA ont répliqué trois jours plus tard en envoyant des missiles de croisière sur la base aérienne syrienne de Chayrat. La Russie estime qu'il n'y a pas de preuve de l'implication du régime syrien et impute la responsabilité de l'attaque chimique aux rebelles. "Il est clair que les Russes tentent de dissimuler ce qui s'est passé là-bas", a déclaré un responsable de la Maison blanche aux journalistes. Le porte-parole de la Maison blanche Sean Spicer a ensuite déclaré à la presse que les faits allaient dans le sens de la version américaine. "La Russie est sur une île en ce qui concerne son soutien de la Syrie ou son absence de reconnaissance, disons-le franchement, de ce qui s'est passé", déclaré Sean Spicer à la presse. MIS AU COURANT Sean Spicer a toutefois suscité un tollé en disant, pour souligner l'horreur de l'attaque : "Même quelqu'un d'aussi méprisable qu'Hitler n'a pas utilisé d'armes chimiques", alors que l'Allemagne a utilisé des chambres à gaz pour tuer des millions de Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Spicer a ensuite présenté ses excuses. Les responsables de la Maison blanche qui ont briefé les journalistes ont affirmé que la Russie offrait souvent des versions contradictoires de ce qui se passe en Syrie, y compris à propos de ce qui s'est produit à Khan Cheïkhoune, pour semer le doute au sein de la communauté internationale. L'ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies Nikki Halley a déclaré que les dirigeants russes avaient été mis au courant à l'avance de l'attaque chimique projetée à Khan Cheïkhoune. "Ils n'ont pas eu l'air étonné. Ils n'ont pas eu l'air surpris", a-t-elle déclaré mardi à la chaîne de télévision CNN. "Ils ont été si rapides à défendre (la Syrie)." Selon un rapport de la Maison blanche remis à la presse, les renseignements américains indiquent que l'agent chimique utilisé dans l'opération a été dispersé par le Soukhoï Su-22 syrien qui a décollé de la base aérienne de Chayrat. Dans ce document de quatre pages, la Maison blanche cherche à réfuter une grande partie des affirmations de Moscou à propos des circonstances de l'attaque. Il affirme que les avions syriens étaient dans le voisinage de Khan Cheïkhoune une vingtaine de minutes avant l'attaque et qu'ils se sont éloignés peu après. "En outre, selon nos informations, le personnel historiquement associé aux programmes d'armes chimiques de la Syrie, se trouvaient à la base de Chayrat fin mars pour des préparatifs pour une attaque imminente dans le nord de la Syrie et ils étaient présents sur la base aérienne le jour de l'attaque", lit-on dans le rapport de la Maison blanche. "PROVOCATIONS SIMILAIRES" De son côté, le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, s'est rendu mardi à Moscou porteur d'un message commun des puissances du G7 et de leurs alliés au Proche-Orient dénonçant avec force le soutien de la Russie au régime du président syrien, Bachar al Assad. "Il ne fait aucun doute à nos yeux que le règne de la famille Assad touche à sa fin", a-t-il déclaré à la presse, à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7, à Lucques en Toscane. Rex Tillerson a répété que la Russie avait failli à son rôle de "garant" de l'accord par lequel Bachar al Assad avait accepté la destruction de son arsenal chimique en 2013 pour éviter des frappes occidentales après un bombardement au gaz qui avait fait un millier de morts près de Damas. Vladimir Poutine a déclaré pour sa part qu'il pensait que les Etats-Unis allaient mener de nouvelles frappes aériennes en Syrie et que des rebelles préparaient des attaques chimiques pour provoquer ces bombardements. "Nous avons des informations selon lesquelles des provocations similaires sont en préparation (...) dans d'autres parties de la Syrie et notamment dans les banlieues sud de Damas où ils ont l'intention de planter certaines substances et d'accuser les autorités syriennes d'utiliser (des armes chimiques)", a déclaré le président russe. Trump a démenti avoir des projets de ce genre en Syrie. "Nous n'allons pas entrer en Syrie", a-t-il déclaré dans un entretien au New York Post. "Notre politique est la même. Elle n'a pas changé. Nous n'allons pas entrer en Syrie." (Avec Yeganeh Torbati à Moscou, Ayesha Rascoe, Phil Stewart, Idrees Ali et Eric Beech à Washington; Danielle Rouquié avec Tangi Salaün pour le service français)