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Attaque au Parlement de Londres, cinq morts, de nombreux blessés

par Toby Melville et William James LONDRES (Reuters) - L'attentat à la voiture bélier et à l'arme blanche qui a frappé mercredi le centre de Londres près du Parlement britannique a fait cinq morts dont l'assaillant et était vraisemblablement lié au "terrorisme islamiste", ont annoncé les autorités. L'assaillant, qui a vraisemblablement agi seul selon le chef de l'antiterrorisme britannique, Mark Rowley, a d'abord lancé son véhicule contre la foule, sur le pont de Westminster, avant de s'écraser sur des grilles qui entourent le Parlement. Armé d'un couteau, il s'est introduit dans l'enceinte du Parlement, y a poignardé un policier avant d'être abattu par la police dans une cour intérieure au pied de Big Ben. Trois lycéens français, originaires de Concarneau, en Bretagne, figurent au nombre des blessés. Cette attaque est survenue un an jour pour jour après les attentats de Bruxelles, qui ont fait 32 morts à l'aéroport Zaventem puis dans une station de métro. La Première ministre britannique, Theresa May, a relevé que le lieu de l'attaque, qu'elle a qualifiée de "répugnante et ignoble", n'était pas un hasard. "Le terroriste a choisi de frapper au coeur de notre capitale, là où les gens de toutes nationalités, de toutes religions, de toutes cultures se rassemblent pour célébrer les valeurs de liberté, de démocratie et de liberté d'expression", a-t-elle dit devant sa résidence du 10, Downing Street. Les tentatives de renversement de ces valeurs sont vouées à l'échec a-t-elle ajouté. L'enquête de la police s'oriente vers un attentat lié "au terrorisme islamiste", a précisé le chef de l'antiterrorisme. La police pense avoir identifié le tueur mais ne fournira pas de précisions à ce stade, a-t-il dit. "LOUPS SOLITAIRES" C'est l'attentat le plus meurtrier depuis ceux de juillet 2005. Quatre islamistes britanniques avaient tué 52 personnes lors d'attaques suicide dans les transports londoniens. En mai 2013, deux islamistes britanniques ont tué à l'arme blanche un soldat dans une rue du sud-est de Londres. Le mode opératoire de l'attaque de Londres rappelle celui de l'attentat de Nice le 14 juillet dernier, qui a fait 86 morts, et celui de Berlin en décembre, commis également par un homme seul au volant d'un camion, qui a fait 12 morts. Ces deux attaques ont été revendiquées par le groupe Etat islamique (EI). Commis par des "loups solitaires", des attentats de ce type sont faciles à organiser, relèvent les experts. "Ce genre d'attaque ne nécessite pas de préparation particulière, c'est très low cost, c'est à la portée de n'importe qui", explique le député socialiste français Sébastien Pietrasanta. "Il s'agit souvent de passage à l'acte individuels. Ça peut être assez spontané". Pour Jean-Charles Brisard, président d'un groupe de réflexion sur le terrorisme, l'attaque commise mercredi à Londres est manifestement "rudimentaire dans sa conception". "On a des attentats de plus en plus imprévisibles aujourd'hui, avec des armes rudimentaires, armes de poing, armes blanches, véhicules", dit-il. Les journalistes de Reuters présents à l'intérieur du Parlement mercredi au moment de l'attaque ont entendu des bruits très forts et, peu après, ont vu l'homme au couteau et le policier poignardé gisant au sol dans une cour à l'intérieur de l'enceinte du Parlement. Un photographe de Reuters a vu une dizaine de personnes blessées sur le pont. Les photos qu'il a prises montrent des personnes gisant au sol, pour certaines saignant abondamment, ainsi que l'une sous un autobus. Une femme tombée dans la Tamise en a été repêchée avec de graves blessures, a annoncé l'Autorité portuaire de la capitale. INCONSCIENT Plusieurs parlementaires et membres du gouvernement ont été pris dans la confusion. Une photographie montre le député conservateur et membre du gouvernement Tobias Ellwood tentant de ranimer un homme gisant à terre, inconscient, et qui est apparemment le policier poignardé par l'assaillant. Le maire de Londres, Sadiq Khan, a annoncé le déploiement de policiers supplémentaire dans les rues de la capitale. "Les Londoniens ne céderont jamais au terrorisme", a-t-il promis. Le Royaume-Uni reste au deuxième niveau le plus élevé pour ce qui est de l'alerte à la sécurité, soit "grave", ce qui signifie que la probabilité d'attentats est jugée forte. La Chambre des Communes, qui était en séance, a interrompu ses travaux et les députés ont reçu ordre de rester à l'intérieur du bâtiment pendant plusieurs heures. Theresa May, qui a présidé dans la soirée une réunion de crise, a indiqué que le Parlement reprendrait ses travaux jeudi. Le président François Hollande s'est entretenu avec elle au téléphone et lui a adressé les condoléances de la France. Un avion de la flotte gouvernementale devait partir dans la soirée pour Londres avec les familles des trois lycéens blessés. Le président américain, Donald Trump, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, ont été parmi les premiers dirigeants étrangers à exprimer leur soutien au gouvernement britannique. Le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, qui se trouvait dans un taxi lors de l'attaque sur le pont dit avoir vu cinq victimes et pris une vidéo de la scène. Le journaliste Quentin Letts du Daily Mail a raconté à la station de radio LBC qu'il avait assisté de son bureau au Parlement à l'attaque du policier à l'arme blanche et à la mort de l'agresseur. "Il (l'agresseur) est arrivé en courant par les portes ouvertes (...) Il s'en est pris à l'un des policiers avec ce qui semblait être un bâton", a déclaré le journaliste. "Le policier est tombé par terre (...) et après, il (...) est parti en courant vers l'entrée de la Chambre des communes utilisée par les parlementaires et a fait une vingtaine de mètres quand deux types armés en civil ont tiré sur lui." (Avec Kylie Maclellan, Elizabeth Piper et la rédaction de Londres et Adrian Croft à Paris, Eric Faye, Gilles Trequesser et Danielle Rouquié pour le service français)