Attaque à Paris: le suivi psychiatrique de l'assaillant au cœur de l'enquête
Un homme au profil extrêmement instable. Armand R., 26 ans, l'islamiste radical qui a tué un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes à proximité de la tour Eiffel à Paris samedi soir avait fait allégeance au groupe État islamique avant son passage à l'acte, qui pose la question du suivi psychiatrique de certains jihadistes.
Le suspect, qui avait été interpellé par le renseignement intérieur (DGSI) pour un projet d'attaque à La Défense, un quartier d'affaires à l'ouest de Paris, avait été condamné à cinq ans de prison dont un avec sursis en 2018. Il avait retrouvé la liberté en 2020.
Fiché S, il avait été placé sous contrôle judiciaire et sous Micas, un dispositif administratif assorti de mesures comparables à celles d'un contrôle judiciaire, et visant à prévenir des actes de terrorisme.
Renforcement des obligations
Invité ce lundi matin sur les antennes de BFMTV et RMC, le ministre de l'intérieur a pointé "un ratage psychiatrique" dans ce dossier mais a souligné que "le maximum" avait été fait "dans le cadre de la loi."
Les enquêteurs doivent désormais se pencher sur le profil psychologique de l'homme, qui souffrirait de troubles psychiatriques lourds, et de son suivi. Lors de son passage en prison, le suspect bénéficiait d'un traitement médical qui s'est poursuivi à sa sortie. Remis en liberté, il a fait l'objet d'un suivi jugé plutôt "encourageant" et semblait s'être détaché de la religion.
Son suivi, après son incarcération, avait rapidement été renforcé car la justice s'est rendu compte qu'il a eu des échanges avec un autre individu radicalisé qui se trouve être l'individu qui avait assassiné Samuel Paty le 16 octobre 2020.
La PNAT (Parquet national antiterroriste) avait alors obtenu un renforcement des obligations auxquelles Armand R était soumis, l’évolution de certains troubles psy conduisait par ailleurs le PNAT a demandé une nouvelle expertise psy le concernant. À la suite de cette dernière, en août 2022, il était soumis à une injonction de soins resserrée, impliquant un suivi psychiatrique.
Ce suivi était effectif jusqu’à la fin de son sursis mise à l’épreuve le 26 avril 2023. Aucune dangerosité d’ordre psychiatrique n’était alors identifiée, selon les termes du dernier rapport du 21 avril 2023.
Arrêt du traitement
En mars 2022, en accord avec son médecin, il aurait toutefois cessé de prendre son traitement médicamenteux, composé d'un neuroleptique atypique, a appris BFMTV de source policière.
Le médecin coordonnateur, dans ses rapports successifs, a indiqué qu'il n'y avait aucune nécessité de reprendre un suivi médicamenteux. "Il avait un suivi qui n'était pas un suivi où il devait être hospitalisé, il devait suivre un traitement", a relevé le ministre de la Santé.
Fin octobre, la mère de l'assaillant, voyant que son fils "se repliait sur lui-même", avait fait un signalement auprès de la police. Les services de police avaient tenté en vain qu'il soit examiné par un médecin et de le faire hospitaliser d'office, ce qui n'a pas été possible en l'absence de troubles, selon une source proche du dossier.
Sa mère, en outre, ne voulait pas demander l'hospitalisation forcée de son fils. Quelques jours après son signalement, elle avait assuré qu'il "allait mieux", toujours selon la même source.