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Attaque à Paris: pourquoi l'ancien immeuble de la rédaction de Charlie Hebdo n'était-il pas sécurisé?

Des gendarmes en train de bloquer la rue où a eu lieu l'attaque parisienne ce vendredi. - GEOFFROY VAN DER HASSELT
Des gendarmes en train de bloquer la rue où a eu lieu l'attaque parisienne ce vendredi. - GEOFFROY VAN DER HASSELT

Quelques heures seulement après l'attaque qui a fait deux blessés a proximité immédiate des anciens locaux de la rédaction de Charlie Hebdo ce vendredi, des voix s'interrogent sur l'absence de sécurisation de cette zone, rue Nicolas-Appert, dans le 11è arrondissement de Paris. Pourquoi ce bâtiment symboliquement sensible n'était-il pas sous protection policière, en plein procès des attentats de janvier 2015?

Paul Moreira, le co-fondateur de l'agence Premières Lignes, dont les deux victimes de l'attaque sont salariées, a confirmé ce vendredi sur BFMTV que ce bâtiment n'était sous aucune protection policière particulière. Les deux victimes, un homme et une femme d'une trentaine d'années, ont été visées alors qu'elles fumaient une cigarette en bas de l'immeuble en fin de matinée.

Une rencontre avec Darmanin la semaine prochaine

Le journaliste affirme, sur notre antenne, avoir réclamé "une protection autour de cet immeuble" à Jean Castex et à Gérald Darmanin, lors de leur déplacement sur les lieux de l'attaque ce vendredi à la mi-journée. "Ce n'est pas un endroit comme les autres, et il doit être protégé en tant que tel", soutient en effet le co-fondateur de l'agence de production.

Le co-dirigeant de l'agence de presse Luc Hermann a lui-aussi relevé un manque de sécurité attaché à cette zone où a eu lieu l'attentat de janvier 2015. "Il se trouve que depuis le démarrage du procès de Charlie Hebdo, il n’y a eu absolument aucune sécurité de cette rue et de cet immeuble symbolique", a-t-il ajouté sur notre antenne.

D'après ses dires, une patrouilles circule regulièrement dans cette rue depuis les attentats, ce qu'il ne trouve pas suffisant. "Nous avons interpellé les autorités tout à l’heure, le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur et le préfet de police", à ce sujet, explique le journaliste. Une nouvelle rencontre à ce sujet est prévue la semaine prochaine, a confirmé le ministre de l'Intérieur vendredi soir, au JT de France 2.

Cet immeuble n'hébergeait plus la rédaction de Charlie Hebdo depuis 2015, se défend la préfecture de police auprès de BFMTV, et les sociétés qui y travaillent désormais ne faisaient l'objet d'aucune menace. Une information confirmée par le ministre de l'Intérieur ce vendredi soir à l'antenne de France 2. "Nous n'avions, à ma connaissance, aucune menace particulière pour la rue" Nicolas-Appert", ajoute-t-il.

Gérald Darmanin indique toutefois avoir demandé "au préfet de police de connaître les raisons pour lesquelles la menace a manifestement été sous-évaluée dans cette rue". "Il y a eu un attentat donc manifestement, on aurait pu faire mieux", a-t-il encore concédé.

"Ce n'est pas un endroit comme les autres"

Ce bâtiment est "devenu un symbole du journalisme et de la liberté d'expression", défend encore Paul Moreira à notre micro. "C'est presque un lieu de pélerinage. Il y a des gens qui viennent tous les jours prendre des photos de cette fameuse fresque où on voit les visages des équipes de Charlie Hebdo", détaille le journaliste.

"N'importe quel cinglé peut venir s'en prendre à des gens qui fument dehors, juste parce qu'ils sont devant la fresque en la mémoire de Charlie Hebdo", lance-t-il encore.

L'actuel siège du journal satirique, qui lui fait l'objet de menaces sérieuses, est sous le coup d'une sécurisation renforcée et fait l'objet d'une réévaluation renforcée, avec garde statique depuis l'ouverture du procès des attentats de janvier 2015, nous a précisé la préfecture de police ce vendredi. Mercredi, Gérald Darmanin avait d'ailleurs annoncé qu'il y avait "une protection très forte" liée au journal depuis plus de cinq ans, parce que "les menaces sont élevées", ajoutant avoir demandé que soit réévaluées "les menaces qui pèsent sur les journalistes et sur les collaborateurs" de l'hebdomadaire.

Article original publié sur BFMTV.com