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L'auteur de l'attaque à l'hélicoptère à Caracas toujours en fuite

Un hélicoptère de la police vénézuélienne a mitraillé mardi le siège du Tribunal suprême de justice et le ministère de l'Intérieur sans faire de victimes mais accentuant la violente crise qui ébranle le Venezuela depuis le mois d'avril. /Photo prise le 26 juin 2017/REUTERS/Ivan Alvarado

par Andrew Cawthorne et Brian Ellsworth CARACAS (Reuters) - L'auteur du mitraillage de la Cour suprême et du ministère de l'Intérieur à Caracas par un hélicoptère de la police vénézuélienne était toujours recherché mercredi. D'après des responsables vénézuéliens, l'appareil a tiré à quinze reprises mardi soir contre le ministère, où plusieurs dizaines de personnes participaient à une cérémonie. Quatre grenades ont été lancées des airs sur la Cour suprême. Le président Nicolas Maduro a dénoncé une attaque "terroriste" et mis en demeure les dirigeants de la Table de l'unité démocratique, la coalition de l'opposition, de condamner une action "destinée à provoquer un putsch". Le Venezuela connaît depuis début avril une énième crise politique, qui a fait au moins 75 morts. Et des chefs de file de l'opposition exhortent de longue date les membres des forces de sécurité à la désobéissance. Mais pour certains partisans de l'opposition, prompts à alimenter toutes les théories du complot possibles, cette spectaculaire attaque par hélicoptère pourrait avoir été orchestrée par le pouvoir pour justifier la répression. Aux yeux de Julio Borges, un des dirigeants de l'opposition, "on aurait cru un film". "Certains disent que c'était une machination, d'autres que tout ça était vrai (...) Mais s'il faut résumer tout cela, on peut dire qu'on a un gouvernement en voie de décomposition". CIA Dans un communiqué, le gouvernement dit que l'hélicoptère a été dérobé par un pilote de la police identifié sous le nom d'Oscar Perez. Une vidéo mise en ligne sur son compte Instagram le montre devant quatre hommes en armes portant une cagoule, affirmant qu'une opération est engagée pour rétablir la démocratie. Oscar Perez ajoute qu'il représente une coalition de militaires, de policiers et de fonctionnaires hostiles au gouvernement "criminel" de Nicolas Maduro et appelle le successeur de Hugo Chavez à démissionner. Le gouvernement a accusé mercredi Oscar Perez d'être lié à la CIA et aussi à l'ancien ministre de l'Intérieur et ex-chef des services de renseignement Miguel Rodriguez, qui a récemment pris ses distances avec l'administration Maduro. Joint par Reuters, Miguel Rodriguez a émis des doutes sur "cet incident de l'hélicoptère". Il s'est étonné que le pilote ait pu voler librement au-dessus de Caracas. Il a estimé en outre que les personnes derrière lui dans la vidéo paraissaient être des poupées. Oscar Perez demeurait introuvable mercredi. L'hélicoptère a été abandonné près de Caracas, à Higuerote, sur la côte Caraïbe. CRISE MIGRATOIRE Nicolas Maduro avait prévenu plus tôt dans la journée de mardi que ses partisans prendraient les armes si son gouvernement était renversé par la violence. "Je dis au monde, et j'espère que le monde l'entendra après 90 jours de manifestation, de destruction et de mort: si le Venezuela était plongé dans le chaos et violence et la révolution bolivarienne détruite, nous irions au combat", avait-il dit lors d'un rassemblement politique. "Nous n'abandonnerions jamais, et ce qui ne pourrait être fait par les votes, nous le ferions avec des armes, nous libérerions notre patrie avec des armes", avait-il poursuivi. Il s'exprimait lors d'un meeting organisé en vue de l'élection d'une Assemblée constituante qu'il veut organiser le 30 juillet. L'opposition, majoritaire à l'Assemblée nationale depuis les élections de décembre 2015, refuse ce projet et réclame la tenue d'une élection présidentielle anticipée. En l'état du calendrier électoral, le prochain scrutin présidentiel n'est pas prévu avant fin 2018. Nicolas Maduro, qui accuse Washington de soutenir ses opposants dans l'objectif de contrôler les richesses pétrolières du pays, a également dit que la "destruction" du Venezuela provoquerait une crise migratoire plus forte qu'en Méditerranée. "Ecoutez-moi, président Donald Trump, il vous faudrait construire 20 murs en mer, un mur du Mississippi jusqu'à la Floride, et de la Floride jusqu'à New York, ce serait de la folie. La responsabilité vous en incombe : stoppez la folie de la droite vénézuélienne violente", a-t-il dit. (Avec Herbert Villaraga, Diego Ore et Girish Gupta, Henri-Pierre André et Gilles Trequesser pour le service français, édité par Eric Faye)