Attaque à l'arc en Norvège: la thèse de la "maladie" mentale privilégiée

Cordon de police à Kongsberg, en Norvège, le 15 octobre 2021, sur les lieux d'une attaque à l'arc. - Terje Pedersen © 2019 AFP
Cordon de police à Kongsberg, en Norvège, le 15 octobre 2021, sur les lieux d'une attaque à l'arc. - Terje Pedersen © 2019 AFP

L'enquête ouverte après l'attaque à l'arc qui a fait cinq morts et trois blessés dans le sud-est de la Norvège a jusqu'à présent renforcé la thèse d'un acte dû à "la maladie", a annoncé la police norvégienne ce vendredi.

"L'hypothèse qui a été le plus renforcée après les premiers jours de l'enquête est celle de la maladie en toile de fond", a déclaré l'inspecteur Per Thomas Omholt lors d'une conférence de presse, deux jours après l'attaque. Parmi les hypothèses de départ, la police avait envisagé "la colère, la revanche, une pulsion, le jihad, la maladie et la provocation", a expliqué le policier.

Espen Andersen Bråthen, qui a très probablement agi seul selon la police, a tué quatre femmes et un homme âgés d'entre 50 et 70 ans, à plusieurs endroits de Kongsberg, petite ville sans histoire d'environ 25.000 habitants, à quelque 80 kilomètres à l'ouest d'Oslo.

Évaluation psychiatrique

L'auteur de l'attaque a été placé en détention provisoire, en milieu médicalisé. Espen Andersen Bråthen sera, à titre préventif, détenu pendant quatre semaines, les deux premières en isolement total, a décidé la justice norvégienne.

Des doutes planent sur l'état psychiatrique, et donc la responsabilité pénale, du Danois de 37 ans soupçonné de radicalisation islamiste. Espen Andersen Bråthen avait commencé ce jeudi à faire l'objet d'une évaluation psychiatrique pour déterminer s'il pouvait être tenu pour pénalement responsable de son geste. Les conclusions devraient prendre plusieurs mois.

"Cela indique que tout n'est pas en place" dans la tête du suspect, a déclaré son avocat, Fredrik Neumann, au journal VG. "Une évaluation judiciaire complète tirera les choses au clair".

Si les attaques portent, disent-elles, la marque d'un "acte terroriste", les autorités n'excluent pas l'hypothèse de la folie.

"Il n'y aucun doute que l'acte lui-même fait penser en apparence qu'il peut s'agir d'un acte terroriste mais il importe maintenant que l'enquête avance et que l'on clarifie les motivations du suspect", a déclaré le chef des services de sécurité PST, Hans Sverre Sjøvold, ce jeudi. "C'est une personne qui a fait des allers-retours dans le système de santé pendant un certain temps", a-t-il souligné, sans plus de détails.

Antécédents et radicalisation

Signalé dans le passé pour radicalisation, Espen Andersen Bråthen, converti à l'islam il y a quelques années, a admis pendant les interrogatoires avoir commis l'attaque, armé notamment d'un arc et de flèches.

"Il nous a dit pourquoi il a fait ça mais nous ne pouvons pas dire au public quoi que ce soit sur ses motifs à ce stade", indiquait la procureure ce jeudi.

Le suspect "est connu" du PST, services qui sont notamment chargés de l'antiterrorisme en Norvège, mais peu de détails ont été fournis.

"Il y a eu des craintes liées à une radicalisation précédemment", a expliqué un responsable de la police, Ole Bredrup Saeverud. Ces craintes remontaient à 2020 et avant, et avaient donné lieu à un suivi de la police.

"Toujours seul"

Selon des médias norvégiens, Espen Andersen Bråthen a été visé par deux décisions judiciaires dans le passé: une interdiction l'an dernier de rendre visite à ses parents après avoir menacé de tuer son père et une condamnation pour cambriolage et achat de haschich en 2012. Une vidéo de lui datant de 2017 a également été mise au jour, où il prononce une profession de foi d'un ton menaçant.

Sous le couvert d'anonymat, un voisin a décrit Bråthen comme une personne peu avenante. "Jamais un sourire, aucune expression sur le visage" et "toujours seul".

Plusieurs projets d'attentats islamistes ont été déjoués en Norvège dans le passé. Mais le pays a été endeuillé par deux attaques d'extrême droite au cours de la dernière décennie, notamment commise par Anders Behring Breivik (77 tués) le 22 juillet 2011.

Article original publié sur BFMTV.com