Attaque à Annecy : cette chronique de « Libération » sur Henri le héros, fait hurler chez LR et au RN

Cette chronique de Daniel Schneidermann pour « Libération » a déplu à Éric Ciotti, le président des Républicains
Cette chronique de Daniel Schneidermann pour « Libération » a déplu à Éric Ciotti, le président des Républicains

POLITIQUE - « Henri d’Arc, un héros chez Bolloré ». À 24 ans, Henri d’Anselme est devenu le 8 juin le « héros au sac à dos » après avoir tenté de stopper l’assaillant d’Annecy. Il a fait l’objet, le lendemain d’une chronique mordante de Daniel Schneidermann, publiée dans Libération. Un texte qui déplaît profondément à une partie de la classe politique.

Henri, 24 ans, fait partie de ceux qui « se sont interposés sans se poser de question », a salué Emmanuel Macron lors d’une cérémonie de remerciement organisée vendredi à la préfecture de la Haute-Savoie. En quelques heures, son portrait a été dressé dans la presse à la faveur d’entretiens avec plusieurs médias. Le jeune homme, qui refuse de se présenter comme un héros, parle de sa foi catholique comme la raison de son intervention. « Quand j’ai agi au square, ce qui m’a poussé, c’est cette grandeur dont je me nourris », a-t-il notamment déclaré sur CNews le 9 juin.

C’est à cette interview que Daniel Schneidermann consacre une chronique pleine d’ironie. Ainsi, alors que le jeune homme évoque le « tour des cathédrales » qui l’a conduit à Annecy, le journaliste écrit : « Sur le plateau de la chaîne du catho-tradi Bolloré, passe une sorte de frisson incrédule, un souffle de grâce devant tant de fraîcheur et de sincérité, quelque chose comme ’c’est trop beau pour être vrai’ ». Un peu plus loin, il traduit à sa façon une question de Pascal Praud : « En termes profanes, Henri, avez-vous vu la Vierge ? Entendu des voix ? ». Avant de conclure, imaginant une réplique du présentateur de CNews : « Peut-être que Vincent Bolloré va vous confier une émission, pourrait ajouter Pascal Praud, Dieu sait quelle pudeur l’en empêche. »

« Les pages de la honte » pour Ciotti

À droite, le ton du texte ne passe pas. « Idiot, minable, à vomir », fustige ce samedi 10 juin sur Twitter le président des Républicains Éric Ciotti pour qui « le journal d’extrême gauche Libération (jette) en pâture Henri. » « Ce n’est peut-être pas le profil de héros que recherche Libé ! », ajoute-t-il. David Lisnard, maire LR de Cannes, se contente d’un jeu de mots - « Libérabjection » - pour dire sa colère.

Le député Rassemblement National du Var Philippe Lottiaux, y voit lui la preuve du « gauchisme » du journal et fustige « son immigrationnisme mortifère, son étroitesse d’esprit et son incapacité à comprendre, voire à concevoir, ce qui le dépasse ». Plusieurs comptes Twitter proches de l’extrême droite ont aussi attaqué le chroniqueur. « Si Henri s’appelle d’Arc (en référence à Jeanne d’Arc, NDLR), Schneidermann s’appelle Cauchon (le prête qui l’a condamnée, NDLR). Rarement vu article aussi minable. En plus d’être débile », tacle ainsi Gabrielle Cluzel, journaliste et chroniqueuse pour le site Boulevard Voltaire.

Ce samedi 10 juin, Daniel Schneidermann a démenti s’être attaqué personnellement au jeune homme de 24 ans, dont « la réaction à Annecy suscite mon admiration ». Ce sont « les vautours bolloréens et zemmouroïdes qui tournent autour de lui » qui constituent le cœur de sa chronique.

Interpellé sur Twitter, le directeur général de Libération Denis Olivennes a pris ses distances avec la position du chroniqueur tout en défendant la liberté d’expression du journal. « Les opinions de Daniel Schneidermann n’engagent que lui. Pas de censure à Libé. Moi personnellement, n’étant pas sûr d’avoir un dixième du courage de ce jeune Henri, et n’ayant jamais rien fait d’héroïque, je me garderai bien de le railler. Mieux, j’ai une profonde admiration pour lui », écrit-il.

À voir également sur Le HuffPost :

À Annecy, la manifestation d’extrême droite indigne Élisabeth Borne et de nombreux élus

Pour faire pression sur l’immigration, l’attaque d’Annecy utilisée par la droite et son extrême