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Atlantia et ACS s'entendent pour se partager Abertis

par Francesca Landini et Stefano Bernabei

MILAN/ROME (Reuters) - L'italien Atlantia et l'espagnol ACS se sont entendus pour lancer une offre commune de plus de 18 milliards d'euros sur Abertis, s'épargnant de coûteuses surenchères sur l'exploitant d'autoroutes espagnol.

Madrid s'était inquiété de voir l'un des principaux gestionnaires autoroutiers du pays passer sous contrôle étranger si l'offre d'Atlantia était retenue et cette offre conjointe, qui sera opérée via Hochtief, la filiale allemande d'ACS, garantit à l'Espagne un droit de regard réel sur l'avenir d'Abertis.

Selon les termes de cet accord, Atlantia détiendra 50% et une action de la nouvelle entité qui sera le propriétaire final d'Abertis. S'y ajoutera une participation indirecte supplémentaire par le biais d'une entrée au capital de Hochtief à hauteur d'environ 25%.

Abertis sera consolidé dans les comptes d'Atlantia.

Les conseils d'administration d'ACS et d'Atlanta ont approuvé l'accord, avant une conférence de presse commune prévue jeudi.

"C'est une approche coopérative, qui résout beaucoup de problèmes", a déclaré à Reuters une source proche des négociations.

Bien que cet accord ne réponde pas aux ambitions initiales d'Atlantia, qui souhaitait exercer un plein contrôle sur un géant mondial des infrastructures de transport, l'entreprise italienne pourra se développer en Europe, en Amérique latine et sur de nouveaux marchés.

"Nous sommes ravis de l'opportunité de travailler avec ACS au sein d'Abertis (...) et de la perspective de créer une plate-forme mondiale à partir de laquelle nous pourrons pénétrer des marchés comme les Etats-Unis, le Canada, l'Australie et l'Allemagne", a déclaré l'administrateur délégué d'Atlantia, Giovanni Castelluci.

C'est la première incursion d'ACS et de Hochtief dans le secteur des concessions autoroutières et les deux groupes trouveront dans Abertis un solide partenaire financier.

L'accord laisse aussi à Atlantia la possibilité de racheter à Abertis une participation comprise entre 29,3% et 34% dans Cellnex, l'opérateur espagnol de tours de télécoms, a indiqué le groupe italien.

La bataille pour Abertis opposait depuis octobre la famille Benetton, qui contrôle Atlantia, à l'homme d'affaires espagnol Florentino Perez, président du Real Madrid et principal actionnaire d'ACS.

Les banques Credit Suisse, BNP Paribas, JP Morgan et UniCredit ont procédé à un montage financier de 14 milliards d'euros pour cette opération, ont dit deux autres sources.

Dans des communiqués distincts, Atlantia et ACS expliquent que Hochtief va d'abord formuler une offre de 18,2 milliards d'euros sur Abertis avant de transférer ce dernier dans un véhicule détenu à hauteur de 30% par ACS et à près de 20% par Hotchief.

Un pacte d'actionnaires et un contrat de long terme entre les trois groupes fixeront les règles de gouvernance.

Des journaux avaient rapporté qu'Atlantia et ACS pourraient choisir de démembrer Abertis ultérieurement mais les communiqués publiés mercredi ne font pas mention de cette éventualité.

L'action Atlantia a clôturé en baisse de 2,53% en Bourse de Milan, tandis qu'à Madrid, Abertis a gagné 0,16% et ACS a pris 7,96%. A Francfort, Hochtief s'est adjugé 4,98%.

(Avec les contributions d'Andres Gonzalez et de Paul Day à Madrid, ainsi que de Matthias Inverardi à Düsseldorf ; Bertrand Boucey et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat et Véronique Tison)