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Athènes prône sans illusion un geste de la BCE

Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis défend un étalement du remboursement des dettes d'Athènes à la BCE, mais juge cette solution peu probable car elle effraie selon lui le président de la BCE Mario Draghi. /Photo prise le 14 mai 2015/REUTERS/Alkis Konstantinidis

ATHENES (Reuters) - Le remboursement des dettes de la Grèce à la Banque centrale européenne devrait être étalé dans le temps mais cette solution est peu probable car elle effraie Mario Draghi, le président de la BCE, a déclaré jeudi le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis.

Il a estimé que Mario Draghi ne prendrait pas le risque d'irriter l'Allemagne en s'engageant dans une telle démarche, en raison des objections de Berlin à la politique d'assouplissement quantitatif en cours.

Peu après son entrée au gouvernement fin janvier, Yanis Varoufakis avait le premier évoqué l'hypothèse d'un échange de dettes contre de nouvelles obligations indexées sur la croissance ou perpétuelles, c'est-à-dire sans échéance fixée. Mais cette proposition avait été fraîchement accueillie par ses interlocuteurs de la zone euro et il l'a rapidement abandonnée.

Aujourd'hui écarté des négociations avec l'Union européenne, la BCE et le Fonds monétaire international (FMI), le ministre des Finances a relancé l'idée jeudi, en rappelant que son pays devait rembourser 6,7 milliards d'euros à la BCE en juillet-août et en proposant que soient repoussées les échéances des 27 milliards d'euros d'obligations qui resteront ensuite dues à la banque centrale.

"Ce qu'il faut faire, (c'est que) ces 27 milliards d'obligations encore détenues par la BCE soient repoussées dans un avenir lointain", a-t-il dit au Parlement.

"Comment procéder ? Par le biais d'un échange. L'idée d'un échange entre le gouvernement grec et la BCE remplit M. Draghi de peur. Parce que, vous le savez, M. Draghi est engagé dans un combat acharné contre la Bundesbank, qui lutte contre le QE. M. Weidmann, en particulier, s'y oppose."

Yanis Varoufakis faisait référence au programme d'achat de titres (notamment d'obligations souveraines) mis en oeuvre par la BCE pour soutenir le crédit et faire remonter l'inflation dans la zone euro, une politique d'assouplissement quantitatif ("quantitative easing", QE) à laquelle se sont opposés en vain la Bundesbank et son président, Jens Weidmann.

Pour le ministre grec, "permettre un tel échange de nos nouvelles obligations contre ces obligations (...) fournirait à M. Weidmann des motifs pour créer des problèmes au QE de la BCE."

Le gouvernement grec n'a jusqu'à présent que peu parlé d'un allégement de l'encours de la dette publique, privilégiant les discussions en vue d'un accord par lequel son pays s'engagerait sur un programme de réformes en échange de l'aide financière internationale. Mais ces pourparlers achoppent pour l'instant sur plusieurs questions clés, comme les retraites ou le marché du travail.

(Lefteris Papadimas et Renee Maltezou, Marc Angrand pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)