Athènes ne peut pas recevoir les 1,2 milliard liés aux banques

La Grèce a échoué mercredi dans sa tentative d'obtenir rapidement des liquidités en demandant la restitution de 1,2 milliard d'euros liés à un mécanisme de recapitalisation bancaire, afin de parer à un risque de faillite le mois prochain. /Photo prise le 24 mars 2015/REUTERS/Alkis Konstantinidis

par Jan Strupczewski et George Georgiopoulos

BRUXELLES/ATHÈNES (Reuters) - La Grèce a échoué mercredi dans sa tentative d'obtenir rapidement des liquidités en demandant la restitution de 1,2 milliard d'euros liés à un mécanisme de recapitalisation bancaire, afin de parer à un risque de faillite le mois prochain.

Cet échec accroît la pression sur Athènes qui doit présenter d'ici lundi un programme de réformes structurelles convaincant.

Des responsables de la zone euro ont jugé que la Grèce ne pouvait pas légalement prétendre à la restitution de cette somme que réclame le gouvernement anti-austérité du Premier ministre Alexis Tsipras.

La Grèce estime qu'elle a "surpayé" de 1,2 milliard d'euros le retour le mois dernier vers le Fonds européen de stabilité financière (FESF) d'obligations destinées à l'origine à la recapitalisation de son secteur bancaire.

La décision a été prise après des discussions entre des responsables du groupe de travail Eurogroupe, qui prépare les réunions des ministres de Finances de la zone euro.

"Il y a eu un accord sur le fait qu'il n'y a pas eu de paiement excédentaire du FHSF (Fonds hellénique de stabilité financière) au FESF. Le groupe de travail verra comment avancer sur la question en temps voulu", a dit un porte-parole du FESF.

Une source proche du dossier, avait indiqué mardi à Reuters qu'Athènes serait à court de liquidités le 20 avril, à défaut d'une nouvelle ligne de crédit.

L'Allemagne, où Alexis Tsipras a effectué une visite officielle lundi après des semaines de passes d'armes entre Athènes et Berlin, fait partie des pays opposés à la restitution de cette somme de 1,2 milliard d'euros.

"Nous ne voyons aucune raison de débloquer cette somme", a déclaré le porte-parole du ministère allemand des Finances Martin Jäger, lors d'une conférence de presse, ajoutant que le financement du FESF avait été mis à la disposition de la Grèce l'an dernier comme garantie lors des tests de résistance mais n'avait finalement pas été utilisé.

Martin Jäger a ajouté que l'Eurogroupe avait décidé le mois dernier, à l'occasion de la prolongation de l'accord du plan de sauvetage, de re-transférer cet argent au FESF où il pourra à nouveau être employé à la recapitalisation des banques grecques si besoin.

LISTE DE REFORMES

La Grèce a promis de présenter une liste de réformes à l'Eurogroupe d'ici lundi, mais il n'est pas certain que cette liste intègrera des mesures initialement adoptées par le précédent gouvernement comme les privatisations et la réforme des retraites.

Des responsables de la zone euro estiment qu'il sera difficile pour Athènes d'atteindre ses objectifs budgétaires sans cessions d'actifs publics, sans passer par un rallongement de l'âge de départ à la retraite et sans fusionner les caisses de retraite.

Mais le parti radical de la gauche Syriza est farouchement opposé à ces réformes et des ministres ont déjà mis interrompu plusieurs privatisations en cours.

La Grèce espère également obtenir 1,9 milliard d'euros prélevés sur les bénéfices réalisés par la Banque centrale européenne (BCE) sur ses achats passés d'emprunts d'État grecs mais la zone euro fait dépendre cela de l'approbation des réformes par les bailleurs de fonds internationaux composant la "troïka", soit le Fonds monétaire international, la BCE et la Commission européenne.

La BCE a sinon relevé ce lundi à un peu plus de 71 milliards d'euros, contre 69,8 milliards jusqu'à présent, le plafond de la fourniture de liquidité d'urgence (ELA) mise à la disposition des banques grecques par la banque centrale nationale, a-t-on appris mercredi de source bancaire

Le président de la Commission Jean-Claude Juncker a déclaré au Parlement européen qu'il avait été "très pessimiste" concernant la Grèce au cours des dernières semaines mais qu'il croyait désormais que le processus de sauvetage était de nouveau sur la bonne voie.

(Juliette Rouillon et Claude Chendjou pour le service français, édité par Marc Angrand)