Astronomie : "Nous sommes revenus à l'époque des grands explorateurs"

Le directeur scientifique du département d'astrophysique du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) David Elbaz détaille les succès techniques et scientifiques du télescope spatial James Webb.

David Elbaz est astrophysicien et directeur scientifique du département d'astrophysique du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives.

Sciences et Avenir : Que retenez-vous de cette première année d'observations du télescope spatial James Webb (JWST) ?

David Elbaz : Le JWST, c' est d'abord une série de succès techniques. Succès du lancement, avec un tir tellement précis vers le point de Lagrange L2 qu'il a permis d'économiser du propergol. De 5 ou 10 ans, la durée de vie du télescope passe à 26 ans, selon les dernières estimations. Succès des instruments ensuite, qui fonctionnent tous et dans toutes les gammes de fréquence. On peut d'ores et déjà affirmer que le JWST est bien taillé pour atteindre ses objectifs, et qu'il produit des résultats à une vitesse incroyable. Nous avons dépassé la distance de la galaxie la plus lointaine, détecté des molécules encore jamais vues dans l'atmosphère des exoplanètes, caractérisé des nuages moléculaires…

"Il y a eu une course à l'effet "whaou !"

Des résultats ont été annoncés dans les semaines qui ont suivi les premières images. C'est très rapide en science…

Au début, il y a eu une course à l'effet "whaou !", avec des annonces un peu précipitées. C'est un peu normal avec un nouvel instrument. Elles ont été corrigées par la suite, mais il semble bel et bien qu'il y ait des découvertes inattendues. D'une certaine façon, on peut dire que l'imprévu est déjà arrivé…

Quelles sont ces découvertes inattendues ?

Prenons les galaxies lointaines. Les premiers résultats montrent qu'elles sont 100 fois plus nombreuses, et bien plus lumineuses que prévu ! L'un de mes collègues a résumé cela en disant que "nous en avons vu plus en quelques jours que ce que l'on espérait voir en un an ". Leur analyse spectroscopique s'est aussi révélée très riche.

Un spectre, c'est le code-barres d'une galaxie : on y lit la signature des molécules qui la composent. Les spectres enregistrés par le JWST regorgent de ces signatures. Lors des co[...]

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