Astéroïde Bennu : la NASA n’a pas le bon tournevis pour ouvrir la boîte qui contient les fragments
ESPACE - Imaginez la frustration : un conteneur de poussières d’astéroïdes est entre vos mains, après un voyage de 200 millions de kilomètres dans l’espace, une incroyable manœuvre de récupération pour embarquer les précieux morceaux de roche extraterrestre, un retour sur Terre aussi périlleux que l’aller mais réussi… Et il vous manque le bon tournevis pour l’ouvrir. Voici ce qui vient d’arriver (en forçant légèrement le trait) à l’Agence spatiale américaine.
Le 20 octobre, la NASA publiait ainsi sur son blog une mise à jour de l’opération d’ouverture du précieux chargement de la sonde Osiris-Rex. L’engin, lancé en 2016, est allé recueillir des morceaux de l’astéroïde Bennu à l’aide d’un bras télescopique. Le 21 octobre 2020, la sonde a touché le sol de l’astéroïde pendant près 6 secondes, le temps d’en arracher quelques fragments. Une extraordinaire réussite.
Depuis son retour sur Terre, à la fin du mois de septembre 2023, la sonde a déjà surpris les experts : à l’extérieur même du conteneur, une petite dose de poussière spatiale était déjà visible. Récupérée et passée au microscope, elle a pour le moment démontré ce que les astronomes avaient calculé depuis la Terre : Bennu est faite en partie d’eau et de carbone, des pièces indispensables au puzzle de la création de la vie ici-bas.
Pas le bon outil dans la boîte à gants
Mais la pièce de résistance reste à venir. C’est à l’intérieur du conteneur que se trouve le gros de la prise d’Osiris-Rex, les 250 grammes toujours isolés du monde par une boîte. Mais c’est là qu’il y a un léger contretemps. La boîte en question, appelée TAGSAM, est si bien scellée, et les précautions pour la rouvrir sont si grandes, qu’elle reste pour le moment fermée.
« Après plusieurs tentatives, l’équipe a découvert que deux des trente-cinq vis utilisées sur le TAGSAM ne pouvaient pas être enlevées avec les outils de la boîte à gants d’Osiris-Rex », a ainsi reconnu la NASA. Mais qu’est-ce que cette « boîte à gants » ? Il s’agit d’un conteneur plus grand, rempli d’azote, dans lequel on a transféré la boîte récalcitrante. Un genre d’aquarium, entièrement hermétique, qui doit éviter aux fragments d’être contaminés par l’atmosphère terrestre lorsqu’ils seront récupérés.
Pour résumer, la NASA n’a pas placé dans cette « boîte à gants » la clef à molette nécessaire pour régler le compte de deux vis récalcitrantes… Le genre de choses qui énerve après une aventure spatiale aussi ambitieuse ! Heureusement, ce contretemps n’égratigne pas la bonne humeur de l’agence spatiale américaine, qui s’attend à trouver rapidement le bon outil, même si l’on sent une certaine impatience.
La NASA explique ainsi en avoir tout de même récupéré une partie « en glissant une pince à l’intérieur » de la zone du couvercle déjà descellée, un peu comme on s’acharnerait à extraire le contenu d’une boîte de conserve mal entrouverte à la petite cuillère. Il est temps que des nouveaux tournevis, plus performants, fassent leur arrivée dans la boîte à gants.
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