"Je suis assez spontané": critiqué pour des remarques "acerbes", Michel Barnier assume son ton
Après des tensions avec Renaissance mais aussi son propre camp, le Premier ministre défend sa liberté de parole. "J'écoute les parlementaires, je réponds", explique Michel Barnier qui veut "espérer les convaincre" à l'approche de débats budgétaires à haut risque.
La carte de la sincérité. À quelques heures de la présentation du budget qui s'annonce sous très haute tension et au lendemain d'anicroches au sein de la coalition gouvernementale, Michel Barnier joue la carte de la transparence.
"J'aime bien discuter comme ça, directement et franchement", a expliqué le Premier ministre, lors d'un déplacement dans la Vienne sur le thème de la santé mentale.
Un recadrage public de sa famille politique
De quoi préparer les esprits à ce que le chef du gouvernement continue à dire les choses comme il les pense. Ce mercredi, Michel Barnier n'avait ainsi pas hésité à recadrer publiquement son propre camp politique.
Les députés LR ont refusé de soutenir le macroniste Stéphane Travert à l'élection de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, préférant s'abstenir ou soutenir Aurélie Trouvé, la candidate de La France insoumise. Résultat: la commission des Affaires économiques, pourtant largement dominée par la droite et Renaissance, est désormais présidée par l'élue insoumise.
Le chef du gouvernement a donc dénoncé un manque de "solidarité" dans sa coalition par la voix de son entourage.
"Je suis assez spontané"
Michel Barnier n'avait guère été plus tendre mardi en réunion de groupe des députés Renaissance. Très attendu par les parlementaires macronistes, le Premier ministre et son style franc étaient mal passés.
"Il n'y pas d'éléments sur le fond, il n'a que des remarques acerbes", s'était agacé un élu proche de Gabriel Attal. Interrogé par une députée, Michel Barnier avait encore regretté "une prise de parole pour lui faire des critiques".
"J'écoute les parlementaires, je réponds. Je suis assez spontané", s'est encore justifié le locataire de Matignon.
"Espérer convaincre" sa coalition de le "soutenir"
Le Premier ministre avait déjà annoncé la couleur à l'issue de son discours de politique générale. "Il va falloir vous habituer, tous, à ce que je dise ce que je pense", avait-il lancé aux présidents de groupe, après avoir tancé Gabriel Attal.
Mais en l'absence de majorité absolue et se sachant à "la tête d'un gouvernement minoritaire, avec une majorité relative" comme il l'a reconnu à nouveau ce jeudi, le chef du gouvernement a expliqué "espérer convaincre" le camp présidentiel et les députés LR de "le soutenir" dans "son effort de vérité et de responsabilité".
Michel Barnier n'a guère d'autre choix que de lancer cet appel alors que les débats sur le budget, présenté ce soir en Conseil des ministres, s'annoncent déjà sous très haute tension.
Indexation des pensions de retraite sur l'inflation décalée de 6 mois et qui fait tousser la droite, contribution exceptionnelle des très aisés et des grandes entreprises qui passe mal parmi les macronistes... Le Premier ministre va avoir fort à faire pour convaincre sa propre coalition de le soutenir, avec le spectre de multiples 49.3.