Assemblée nationale: Sébastien Peytavie devient le premier député en fauteuil roulant à siéger dans l'hémicycle

Une séquence inédite. Ce mardi, Sébastien Peytavie est devenu le premier député en fauteuil roulant à siéger dans l'hémicycle. Élu en Dordogne en juin dernier et membre du groupe des écologistes, le parlementaire était resté éloigné de l'Assemblée nationale après une chute doublée d'une infection, comme il l'a expliqué à Libération.

Pour son retour, celui qui est devenu paraplégique à trois ans après une opération cardiaque, est arrivé dans un Palais Bourbon réaménagé. "L'hémicycle et les sanitaires ont été rendus accessibles", a-t-il confié sur LCP.

"Y a-t-il urgence à réformer?"

Lors de la traditionnelle séance de questions au gouvernement, Sébastien Peytavie s'est essayé pour la première fois à l'exercice. En raison de son handicap, il siégeait au premier rang, aux côtés des ministres.

Comme beaucoup, l'élu issu du parti Génération.s a évoqué un sujet qui est sur toutes les lèvres: la réforme des retraites. En essayant au passage de dégonfler les éléments de langage de l'exécutif qui répète que cette mesure est "nécessaire" pour l'équilibre du système des retraites.

S'adressant au ministre du Travail Olivier Dussopt, il a déclaré, dans un monologue:

"Y a-t-il urgence à réformer monsieur le ministre? Non. Ni les économistes, ni le comité d'orientation des retraites ne vous donnent raison."

Pour lui, "la réelle urgence", "c'est la faillite d'un système de santé et d'un modèle social désormais à double vitesse, où vieillir en bonne santé devient un privilège de classe". Pour mieux appuyer son propos, Sébastien Peytavie a dit l'avoir "constaté [lui] même pendant [son] hospitalisation".

"Pénibilité"

Il a poursuivi: "L'urgence est du côté des salariés, qui, chaque jour, voient leurs conditions de travail se dégrader davantage." Avant d'ajouter: "Vous souhaitez augmenter les pensions de retraite, augmentez les salaires, l'un ne peut pas aller sans l'autre".

Le député a ensuite évoqué "les soignants de l'hôpital de Pontoise, à 90% en arrêt-maladie" et "cet infirmier urgentiste qui travaille de nuit depuis ses 25 ans qui n'aura pas la possibilité de partir plus tôt puisque l'âge légal est reporté". Avant de demander au gouvernement:

"Comment comptez-vous réellement prendre en compte la pénibilité pour les métiers du soin et de l'accompagnement qu'ils soient en ville ou à l'hôpital, à domicile ou en Ehpad, ou auprès des personnes en situation de handicap?"

"Urgence" à sauver le système de santé

Olivier Dussopt lui a d'abord répondu par une formule de politesse: "Permettez d'abord de vous dire au nom du gouvernement que nous sommes heureux que votre état de santé vous permette de nous rejoindre et de participer à nos travaux". Même s'il a reconnu "un point d'accord" sur la pénibilité des soignants, l'ex-socialiste s'est montré ferme. "Nous considérons que la réforme est nécessaire", a-t-il réaffirmé.

À Libération, Sébastien Peytavie a confié: "Certes, je suis un député en situation de handicap, mais je ne veux pas m'exprimer uniquement sur ce sujet". L'écologiste avançait comme cheval de bataille l'"urgence" à sauver le système de santé. Cette première question au gouvernement lui a donné l'occasion de se distinguer sur cette thématique.

Article original publié sur BFMTV.com