Assassinat de Samuel Paty: qui sont les 8 accusés jugés à partir de ce lundi à Paris?
Sept hommes et une femme majeurs sont jugés à partir de ce lundi 4 novembre à Paris pour la mort de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie, assassiné dans son collège de Conflans Sainte-Honorine (Yvelines) en octobre 2020. BFMTV.com fait le point sur le profil de ces huit individus, qui risquent pour certains la réclusion criminelle à perpétuité.
Huit personnes, âgées de 22 à 65 ans, comparaissent à compter de ce lundi 4 novembre devant la cour d'assises spéciale de Paris pour leur implication présumée dans l'assassinat du professeur Samuel Paty, décapité le 16 octobre 2020 par Abdoullakh Anzorov, 18 ans, un Russe radicalisé d'origine tchétchène.
Deux des accusés sont jugés pour complicité d'assassinat terroriste, un crime passible de la perpétuité, les six autres pour association de malfaiteurs terroriste criminelle (trente ans encourus).
Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui, les dénonciateurs
De nationalité marocaine, Brahim Chnina, 52 ans, est le père de la collégienne à l'origine de la polémique sur des cours dispensés par Samuel Paty et sa présentation de caricatures de Mahomet. Co-fondateur d'Aide-Moi, une association d'aide aux personnes à mobilité réduite pour se rendre notamment en pèlerinage à La Mecque, il est accusé d'avoir lancé, avec Abdelhakim Sefrioui, une vaste campagne de cyberharcèlement contre le professeur.
Les 7 et 8 octobre 2020, il a publié des vidéos pour stigmatiser Samuel Paty et le désigner comme une cible, ainsi que des renseignements précis sur son identité et son lieu d'exercice professionnel. Entre le 9 et le 13 octobre, Brahim Chnina a eu neuf contacts téléphoniques avec Anzorov.
En détention provisoire depuis le 21 octobre 2020, il cherche, selon l'administration pénitentiaire, à se positionner comme victime ne reconnaissant aucune responsabilité dans les faits qui lui sont reprochés.
Abdelhakim Sefrioui, Franco-Marocain de 65 ans, est lui un militant islamiste, fondateur du collectif pro-Hamas Cheikh Yassine, dissous le 21 octobre 2020. Il est accusé d'avoir participé avec Brahim Chnina "à l'élaboration et la diffusion de vidéos présentant des informations fausses ou déformées destinées à susciter un sentiment de haine" à l'égard de Samuel Paty.
Il comparaîtra détenu au procès et encourt comme Brahim Chnina trente ans de réclusion criminelle. Ses avocats dénoncent une "aberration intellectuelle et judiciaire", estimant qu'aucun contact n'a été établi entre Abdelhakim Sefrioui et Anzorov et qu'il n'existe pas de preuve que l'assaillant ait vu la vidéo postée par leur client cinq jours avant l'assassinat du professeur.
Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, les logisticiens
Naïm Boudaoud, un Français de 22 ans, est l'un des deux accusés, avec Azim Epsirkhanov, poursuivis pour "complicité d'assassinat". Décrit par l'accusation comme "particulièrement vulnérable" et "influençable", et "sans aucun signe visible de radicalisation violente"", il a fréquenté Azim Epsirkhanov et Abdoullakh Anzorov "multipliant les services" à l'un ou à l'autre.
La veille de l'attentat, en compagnie de son co-accusé, il a véhiculé Abdoullakh Anzorov dans une coutellerie de Rouen pour l'achat d'un couteau correspondant à celui retrouvé à proximité de son cadavre. Le jour de l'assassinat, Naïm Boudaoud a accompagné Anzorov dans un magasin de Cergy pour l'achat de pistolets Airsoft et de billes d'acier.
Azim Epsirkhanov, un Russe d'origine tchétchène de 23 ans est lui arrivé en France en décembre 2010. Il s'est rendu complice, selon l'accusation, de l'assassinat de Samuel Paty "en aidant et accompagnant activement" son ami "de longue date" Abdoullakh Anzorov, rencontré au collège en 2013, "dans la recherche et l'achat d'armes".
En audition, Azim Epsirkhanov a reconnu avoir reçu la somme de 800 euros de la part d'Anzorov pour lui procurer une arme à feu en urgence, ce qu'il n'a pas réussi à faire.
Les correspondants numériques, trois hommes et une femme
Quatre autres personnes, trois hommes et une femmes, sont eux accusés d'avoir conforté le terroriste dans son projet sur des messageries comme Snapchat ou Instagram.
Parmi eux, Yusuf Cinar, un homme de nationalité turque de 22 ans a partagé un groupe Snapchat baptisé "Zbrr" avec Abdoullakh Anzorov qu'il considérait comme "un ami proche", voire "comme un frère". Ce groupe qui diffusait de la propagande jihadiste a publié après l'attentat le message de revendication d'Anzorov et des photographies du corps de Samuel Paty. Et postérieurement des vidéos en hommage à l'assaillant.
Ismaïl Gamaev, un Russe d'origine tchétchène aujourd'hui âgé de 22 ans a "participé activement" avec Abdoullakh Anzorov et Louqmane Ingar (un autre accusé) à un groupe Snapchat échangeant, de manière anonyme et cryptée, des messages à contenus jihadistes.
Il aurait notamment "conforté Abdoullakh Anzorov" dans son projet d'assassinat dans les semaines précédant le passage à l'acte.