Publicité

Assange extradé vers les Etats-Unis? Son avocat français dénonce une "accusation purement politique"

La justice britannique vise ce lundi la demande d'extradition américaine de Julian Assange, fondateur de Wikileaks, organisation qui a dévoilé des milliers de documents sensibles pour l'administration des Etats-Unis. Son avocat français, Antoine Vey, voit dans ce dossier "l'un des plus emblématiques" du XXIe siècle".

Après plusieurs mois d'une interruption prolongée par la pandémie de nouveau coronavirus, la justice britannique reprend lundi l'examen de la demande d'extradition du fondateur de Wikileaks Julian Assange, extradition réclamée par les Etats-Unis qui veulent le juger pour la diffusion de centaines de milliers de documents confidentiels. L'Australien de 49 ans est poursuivi notamment pour espionnage par la justice américaine, pour avoir diffusé à partir de 2010 plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan. Il risque 175 ans de prison.

Une extradition comme une "peine de mort"

Les Etats-Unis reprochent au fondateur de WikiLeaks d'avoir mis en danger des sources des services américains. Les avocats d'Assange dénoncent quant à eux une procédure "politique" fondée sur des "mensonges". Avant la reprise à Londres de l'audience, qui doit durer trois ou quatre semaines, ses soutiens ont appelé à une manifestation devant la cour criminelle de l'Old Bailey lundi matin.

Julian Assange est actuellement emprisonné à la prison londonienne de haute sécurité de Belmarsh, où ses conditions de détention ont été dénoncées par le rapporteur de l'ONU sur la torture. Son extradition s'apparenterait à une "peine de mort", a déclaré son avocate Stella Moris, devenue sa compagne, au Times samedi. L'avocate craint que Julian Assange ne mette fin à ses jours et que les deux enfants qu'elle a eus avec lui pendant qu'il était reclus à l'ambassade d'Equateur à Londres ne grandissent sans leur père.

Antoine Vey, avocat français de Julian Assange car associé d'Eric Dupond-Moretti, devenu depuis ministre de la Justice, a estimé sur notre antenne: "Nous soutenons qu’il s’agit d’une accusation purement politique et que le procès de Julian Assange aux Etats-Unis l’exposerait à des traitements inhumains et dégradants".

Arrêté en avril 2019

Une quarantaine d'organisations de défense des droits de l'Homme et de la liberté de la presse ont récemment encore appelé à sa "libération immédiate". L'appel pour que Paris accorde à Julian Assange l'asile politique a été renouvelé le mois dernier par une association française militant pour les droits des détenus, Robin des Lois. L'actuel Garde des Sceaux avait d'ailleurs demandé en février dernier l'asile politique en France pour son client.

Le fondateur de Wikileaks avait été arrêté en avril 2019 après sept ans derrière les murs de la représentation diplomatique équatorienne, où il s'était réfugié après avoir enfreint les conditions de sa liberté sous caution, craignant une extradition vers les Etats-Unis. Il revient à la justice britannique de déterminer si la demande américaine d'extradition qui lui est soumise respecte un certain nombre de critères légaux, et notamment si elle n'est pas disproportionnée ou incompatible avec les droits de l'Homme. Mais quelle que soit la décision, il est "presque certain" qu'elle sera frappée d'appel par la partie qui n'aura pas eu gain de cause, a souligné à l'AFP John Rees, l'un des responsables de la campagne contre l'extradition d'Assange.

Diminué, confus

Lors des quatre jours d'audience qui se sont tenus en février, Julian Assange était apparu parfois confus, ayant du mal a maintenir son attention. Antoine Vey a d'illeurs fait valoir sur notre chaîne: "Il y a deux choses à rappeler aujourd’hui. La première, c’est qu’il s’agit d’un homme tellement diminué qu’il ne peut plus assumer un procès". Le conseil a enchaîné: "La seconde c’est que, au fond, quelle que soit la nature idéologique de Wikileaks et ce qu’on peut penser de son fondateur, il est poursuivi pour avoir révélé des informations vraies et donc en ce sens son dossier est emblématique, probablement un des plus emblématiques de ce XXIe siècle."

De son côté, le représentant des Etats-Unis James Lewis a cependant assuré que le fondateur de Wikileaks "n'est pas inculpé pour avoir dévoilé des informations embarrassantes ou gênantes" mais pour avoir mis en danger la vie de sources américaines en publiant cette foule de documents.

Julian Assange est responsable de "l'une des plus vastes compromissions d'informations classifiées de l'histoire des Etats-Unis", avait-il dénoncé. Parmi les documents publiés figurait une vidéo montrant des civils tués par les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007, dont deux journalistes de l'agence Reuters. Au coeur des débats se trouve également la question de savoir si Julian Assange mène des activités journalistiques, qui doivent être protégées comme telles.

Article original publié sur BFMTV.com

Ce contenu peut également vous intéresser :