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Un rapport de l'Onu donne raison à Julian Assange

Julian Assange au balcon de l'ambassade de l'Equateur à Londres. Selon un groupe de travail de l'Onu, le fondateur de WikiLeaks doit pouvoir sortir libre de l'ambassade équatorienne à Londres et être indemnisé au titre des trois ans et demi qu'il y a passés reclus. /Photo prise le 5 février 2016/REUTERS/Toby Melville

PARIS (Reuters) - Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, doit pouvoir sortir libre de l'ambassade équatorienne à Londres et être indemnisé au titre des trois ans et demi qu'il y a passés reclus, a conclu vendredi un groupe de travail de l'Onu. Dans une visioconférence en milieu de journée, Julian Assange a demandé aux Britanniques et aux Suédois de le laisser quitter librement l'ambassade. "Nous avons obtenu aujourd'hui une victoire vraiment importante qui nous a rendu le sourire. C'est maintenant à la Grande-Bretagne et à la Suède d'appliquer la décision de l'Onu", a-t-il dit. Stockholm et Londres ont immédiatement rejeté cette décision, soulignant qu'Assange était entré à l'ambassade de son plein gré et qu'il n'avait nullement été privé de liberté. "Julian Assange est un fugitif réclamé par la justice. Il se dérobe en se cachant à l'ambassade d'Equateur. Les conclusions du groupe de travail (de l'Onu) sont vraiment ridicules et nous les rejetons", a dit Philip Hammond, ministre britannique des Affaires étrangères. Le chef de la diplomatie équatorienne, Ricardo Patino, a jugé pour sa part sur la chaîne Telesur qu'Assange était victime d'une "persécution politique" et devait pouvoir se déplacer librement. Julian Assange vit reclus depuis juin 2012 à l'intérieur de l'ambassade d'Equateur dans le quartier de Knightsbridge à Londres, de crainte d'être extradé vers la Suède puis les Etats-Unis. Il est sous le coup d'une enquête de la justice suédoise dans une affaire de viol qui remonterait à 2010. Julian Assange, qui nie les faits qui lui sont reprochés en Suède, dit être la victime d'une chasse aux sorcières dirigée par les Etats-Unis après la divulgation de centaines de milliers de documents militaires et diplomatiques américains confidentiels sur le site WikiLeaks. "DÉTENTION ARBITRAIRE" Le fondateur de WikiLeaks a sollicité le Groupe de travail de l'Onu sur la détention arbitraire en se présentant comme un réfugié politique dont les droits ont été bafoués puisqu'on l'a empêché d'obtenir l'asile en Equateur. Une majorité des membres du groupe onusien s'est prononcée en faveur d'Assange sans pour autant trouver d'unanimité. Trois des cinq membres du comité ont soutenu une motion favorable à l'Australien, un quatrième a contesté cette décision et un cinquième, une femme, s'est récusé. "Le groupe de travail sur la détention arbitraire considère que les différentes formes de privation de liberté auxquelles Julian Assange a été soumis constituent une forme de détention arbitraire", a dit Seong-Phil Hong, le rapporteur en chef, dans un communiqué. "Le groupe maintient qu'il faut mettre fin à la détention arbitraire de M. Assange, que son intégrité physique et sa liberté de mouvement doivent être respectées et qu'il doit être en mesure de faire valoir ses droits à des indemnités." L'Australien s'est dit convaincu que les conclusions de la commission d'enquête de l'Onu allaient jouer en sa faveur. "Si les Nations unies décident en ma faveur, c'est véritablement quelque chose qui va nous renforcer", a déclaré sur France Inter Julian Assange, dont les propos étaient traduits en français. "C'est (cette réclusion-NDLR) une situation inacceptable n'importe où en Europe et je suis absolument certain que mes arguments et que les arguments des Nations unies vont jouer en ma faveur." Une fois la décision du bureau de l'Onu officialisée, l'Australien de 44 ans a réaffirmé son intention de demander la restitution de son passeport. (Guy Falconbridge et Tom Miles à Londres, Marine Pennetier à Paris; Julie Carriat et Guy Kerivel pour le service français)