Publicité

Assad souhaite qu'Astana serve la "réconciliation" en Syrie

Bachar al Assad espère que les négociations qui doivent se tenir à Astana sous l'égide de la Russie permettront de conclure des accords de "réconciliation" locaux entre le gouvernement syrien et des groupes rebelles, qui accepteraient de déposer les armes en échange d'une amnistie. /Photo diffusée le 9 janvier 2017/REUTERS/SANA

BEYROUTH (Reuters) - Bachar al Assad espère que les négociations qui doivent se tenir à Astana sous l'égide de la Russie permettront de conclure des accords de "réconciliation" locaux entre le gouvernement syrien et des groupes rebelles, qui accepteraient de déposer les armes en échange d'une amnistie. Dans un entretien accordé à une chaîne japonaise, dont des extraits sont diffusés sur le compte Twitter de la présidence syrienne, Assad dit ne pas savoir si les pourparlers prévus la semaine prochaine produiront un "dialogue politique" en raison de l'incertitude quant à la liste des participants. Il souhaite néanmoins qu'ils permettent de discuter "de tout" avec les rebelles. "Pour l'instant, nous pensons que (la conférence) d'Astana prendra la forme de discussions avec les groupes terroristes à propos d'un cessez-le-feu", dit-il. L'objectif de ces discussions est, selon lui, de parvenir à des accords de réconciliation locaux, la méthode de "pacification" privilégiée par le gouvernement syrien pour reprendre le contrôle de nombreux secteurs aux mains des insurgés, notamment dans la région de Damas, généralement après des années de siège implacable et de bombardements. Plusieurs groupes rebelles combattant sous la bannière de l'Armée syrienne libre (ASL) ont annoncé leur participation aux discussions d'Astana. L'ASL est soutenue par la Turquie, qui a récemment révisé ses objectifs en renonçant à réclamer le départ d'Assad pour se concentrer sur la lutte contre l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) et les milices kurdes. "BOURBIER ADMINISTRATIF" Comme Moscou et Téhéran, les deux principaux alliés de Damas, Ankara parraine la conférence d'Astana. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé jeudi que les Etats-Unis avaient été invités à y participer, rapporte l'agence russe Ria. La réunion devrait ainsi marquer le début du rapprochement annoncé entre Moscou et l'administration de Donald Trump, qui prend ses fonctions vendredi, sur le dossier syrien. L'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a lui aussi été invité, a déclaré jeudi sa porte-parole, Yara Sharif. Mais Jan Egeland, son collaborateur chargé des questions humanitaires, a précisé que le rôle de l'Onu dans ces négociations continuait de faire l'objet de discussions. "Je tient cependant pour acquis que la Russie, la Turquie et l'Iran comprendront l'immense responsabilité qui est la leur en tant que garants d'un processus devant ouvrir une nouvelle ère pour la population civile de la Syrie", a dit Jan Egeland à Genève. Malgré une "cessation des hostilités", l'aide humanitaire ne parvient toujours pas à ceux qui en ont le plus besoin et les belligérants font régulièrement tout ce qu'ils peuvent pour empêcher que l'aide parvienne aux femmes, aux enfants et aux blessés de l'autre camp, a-t-il déploré. Même si le régime syrien approuve les plans d'aide, les convois humanitaires des Nations unies sont, selon lui, bloqués dans un "bourbier bureaucratique désespérant". Le Qatar a quant à lui démenti avoir été invité à Astana, rapporte la presse de l'émirat. L'information avait auparavant été annoncée à Reuters de source proche du ministère des Affaires étrangères, à Doha. Le chef de la diplomatie syrienne avait semblé exclure mercredi la participation du Qatar et celle de l'Arabie saoudite, qui soutiennent tous deux l'opposition. (Tom Perry, avec Mohamed el Sherif au Caire et Polina Devitt à Moscou, Nicolas Delame, Tangi Salaün, Eric Faye et Jean-Philippe Lefief pour le service français)