Ash Carter souhaite d'autres mesures contre Moscou sur l'Ukraine

A BORD D'UN AVION MILITAIRE AMÉRICAIN/MOSCOU (Reuters) - Les Etats-Unis doivent prendre de nouvelles mesures par rapport au conflit en Ukraine étant donné que les sanctions économiques et les autres dispositifs mis en place par l'Occident n'ont pas amené la président russe Vladimir Poutine à faire marche arrière dans le pays, a estimé vendredi le sécrétaire à la Défense Ash Carter. S'exprimant à la suite d'une réunion avec des responsables américains en Europe, il a ajouté que le Pentagone suivait de très près la situation en Ukraine, où de violents combats ont repris depuis le début de la semaine. La Russie et les pays occidentaux ont échangé aux Nations unies des accusations sur la responsabilité de la reprise de ces combats. Evoquant une "gigantesque menace", le président ukrainien Petro Porochenko a affirmé jeudi que plus de 9.000 militaires russes se trouvaient en Ukraine et a accusé Moscou de vouloir "envahir" son pays. De son côté, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a il y a deux jours accusé Moscou d'envoyer de nouvelles armes sophistiqués aux rebelles séparatistes, soutenus par la Russie, combattant dans l'est de l'Ukraine. Ash Carter a réuni à Stuttgart, en Allemagne, des dizaines de hauts responsables américains pour une session de travail censée évaluer, entre autres, l'efficacité des sanctions occidentales contre la Russie. "Ce qui est évident, c'est que les sanctions ont un effet sur l'économie russe", a-t-il dit à des journalistes à bord de l'avion le ramenant à Washington. "Ce qui est moins clair est que cet effet sur l'économie empêche Poutine de poursuivre sur la voie mise en lumière par ce qui s'est passé en Crimée l'an dernier", a poursuivi Ash Carter, en référence à l'annexion de la Crimée, un territoire ukrainien, par la Russie. "Il y a d'autres choses que nous devons faire étant donné que Vladimir Poutine ne semble pas dévier de sa course." Ash Carter a précisé que l'une des actions discutées était l'augmentation du nombre d'exercices militaires effectués par l'armée américaine et l'Otan. Selon Alexander Hug, numéro deux de la mission de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en Ukraine qui s'exprimait vendredi devant le Conseil de sécurité de l'Onu, l'attitude des deux camps fait peser de graves menaces sur la population civile. Lors de cette réunion d'urgence du Conseil de sécurité, la Grande-Bretagne a estimé que Moscou était responsable de la nouvelle flambée de violence. Pour l'ambassadeur de Russie, Vitali Tchourkine, c'est le gouvernement ukrainien qui a violé l'accord de cessez-le-feu conclu en février dernier à Minsk, la capitale biélorusse. "Si nous laissons Kiev continuer sur cette voie (...), la situation finira par échapper à tout contrôle", a-t-il dit. Dans un entretien publié samedi par le quotidien italien Corriere della Sera, Vladimir Poutine reprend ces arguments, disant que la Russie soutenait pleinement l'accord de Minsk et que c'était Kiev qui ralentissait le processus entamé dans la capitale biélorusse. "Il est temps de commencer à mettre en oeuvre les accords de Minsk. Le problème est que les autorités de Kiev ne veulent pas s'asseoir autour d'une table pour en discuter. Et nous n'y pouvons rien. Seuls nos partenaires européen et américain peuvent influencer la situation", déclare-t-il. (David Alexander, Jason Bush, Benoît Van Overstraeten pour le service français)