Arthur Chevallier – La culture, cette grande victime du Covid… et de l'État

Vue de l'opéra de Paris.
Vue de l'opéra de Paris.

Les poètes ne sont plus à la cour. Outre le fait d'avoir révélé l'impuissance de l'État, la crise du coronavirus a mis en évidence non seulement les priorités du gouvernement, mais encore, et c'est le plus intéressant, la préséance dans l'ordre des privilégiés. En dépit d'efforts remarqués et remarquables de la ministre de la Culture pour aider ce qu'on appelle le « spectacle vivant », la culture dans son acception la plus large, de l'opéra à la gastronomie en passant par les musées et les livres, a dû fournir des efforts considérables pour bénéficier d'aides dont sa survie dépendait. Comment ne pas être solidaire de l'incompréhension d'un directeur d'opéra ou d'un restaurateur quand on impose une distanciation dans leurs établissements, alors que les métros et RER sont bondés ? La relégation de la culture, de l'art de vivre, du génie, peu importe le qualificatif, serait déplorable si elle n'était scandaleuse dans la mesure où c'est un de nos derniers domaines d'excellence. Il fut un temps où, à la cour de France, hommage était rendu aux artistes.

Peintres, poètes, écrivains, musiciens, dramaturges étaient enrôlés dans le régiment de la gloire. Les rois les employaient moins pour eux-mêmes que pour servir la gloire de leur règne, mais qu'importe, leur présence à la cour était la preuve de leur importance. Ainsi Clément Marot (1496-1544), génial auteur de L'Adolescence clémentine, qui fit entrer la poésie du Moyen Âge dans la Renaissance, fut valet de Franço [...] Lire la suite