Arrosage, plantes...Face aux canicules, votre jardin va devoir s’adapter

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Westend61 / Getty Images/Westend61

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Avec le changement climatique, l’entretien d’un jardin peut s’avérer plus complexe, notamment face aux restrictions en eau.

JARDINAGE - « C’est quelque chose qu’il ne faut pas, dans tous les cas, envisager sur le court terme, ça prendra au moins quelques mois », débute Jean-Paul Thorez, joint par téléphone, depuis le Midi. L’auteur de Solutions pour un jardin résilient (Terre Vivante, 2022) l’affirme d’emblée au HuffPost : adapter son jardin aux effets du changement climatique « cela nécessite qu’on change sa façon de jardiner ».

Canicules qui se succèdent, températures moyennes plus élevées, mais aussi précipitations et épisodes orageux plus intenses : les effets du changement climatique se font déjà ressentir en France, et notamment dans les jardins des particuliers, très consommateurs en eau. « Il faut de 300 à 900 litres d’eau, selon les conditions, pour élaborer 1 kg de matière sèche végétale (10% du poids d’une plante) », rappelle Jean-Paul Thorez dans son ouvrage.

Comment faire face alors à ces effets, et notamment aux manques en eau ? Le jardinier Jean-Paul Thorez et la paysagiste Joëlle Roubache apportent leurs conseils, complémentaires, au HuffPost.

Se concentrer sur les arbres

Première étape : prêter attention aux arbres qu’on plante. « L’une des solutions est de choisir des végétaux qui résistent mieux à la chaleur, et notamment les arbres car ils ont une durée de vie de plusieurs années. Il faut anticiper que le réchauffement climatique sera plus fort et choisir des espèces peu consommatrices en eau », souligne Joëlle Roubache. La paysagiste illustre : « Il faut par exemple plutôt opter pour un chêne vert qu’un saule pleureur ».

« Les fleurs, dans tous les cas, c’est compliqué de faire une sélection, elles ont généralement besoin de beaucoup d’arrosage. Mais on peut déjà éviter les rosiers qui consomment énormément d’eau », ajoute-t-elle ensuite.

« En plus des cerisiers ou des pommiers comme on en a l’habitude, on peut s’orienter vers des espèces un peu plus résistantes à la sécheresse, comme les figuiers. Il s’adapte dans des régions de plus en plus vastes car les hivers sont également plus doux », conseille quant à lui Jean-Paul Thorez. On peut aussi opter pour des abricotiers, note le spécialiste.

Autre suggestion du jardinier : l’olivier. « Il est à la mode en ce moment car c’est un arbre très résistant à la sécheresse mais il ne va pas forcément produire plus que dans sa zone habituelle, la zone méditerranéenne, car il lui manque des heures d’ensoleillement », rappelle le journaliste et auteur de Solutions pour un jardin résilient.

Créer des zones de fraîcheur

En plus de renouveler sa palette végétale, il est important d’agencer son jardin ingénieusement, afin d’y créer des zones de fraîcheur. « L’une des solutions c’est de faire de l’ombre en plantant des arbres, on crée ainsi de la fraîcheur pour les autres plantes », appuie Joëlle Roubache.

Jean-Paul Thorez, lui, invite à « prévoir différents microclimats ». « Le microclimat c’est à la fois une exposition, une humidité, un ensemble d’éléments [...] l’idée est de mettre les plantes au bon endroit, de les protéger des excès », explique-t-il. « On peut par exemple planter des haies, mettre des palissades ou modeler le terrain pour faire des buttes », illustre-t-il.

« Pour les haies, il faut choisir parmi les essences résistantes à la sécheresse. Le laurier-tin peut par exemple être utilisé de cette façon [...]. Dans tous les cas, il faut penser mélange et ne pas hésiter à planter une haie diversifiée, ça permet à la fois de lutter contre la sécheresse et contre la crise de la biodiversité », ajoute-t-il.

Les bonnes pratiques jardinières à adopter

Certaines pratiques jardinières permettent également d’aider les plantes à mieux résister aux fortes chaleurs. « Il vaut mieux planter un arbre à l’automne qu’au printemps. Avec le sol qui est encore chaud et les pluies qui arrivent, il va s’installer tranquillement. Si on fait la même chose au printemps, il n’aura pas suffisamment de racines pour absorber l’humidité. On peut aussi utiliser cette technique pour les plantes vivaces et les arbustes », conseille Jean-Paul Thorez.

« Une pratique à laquelle on peut penser également c’est le paillage. C’est l’idée de mettre des copeaux de bois entre le sol et les plantes de manière à notamment conserver la fraîcheur, et ça permet aussi d’éviter le désherbage », complète Joëlle Roubache.

Une autre pratique, mise en avant récemment par la ville de Colmar, et qui peut s’avérer utile face à la sécheresse consiste à utiliser « toutes les eaux de récupération non polluées ». Cela concerne par exemple les eaux des seaux à glace, les fonds de carafe ou encore les eaux de lavage des légumes.

Attention toutefois à ne pas prendre les épisodes caniculaires comme les seuls nouveaux paramètres, préviennent les passionnés du jardin. « Un jardin vit toute l’année, il ne faut pas s’arrêter à la sécheresse, il y a aussi les pluies diluviennes ou les gelées à prendre en compte », rappelle Jean-Paul Thorez.

Face aux impressionnantes chutes de grêle de juin 2022, le jardinier n’a pas de solutions mais conseille contre les gelées tardives de choisir des variétés de plantes qui ne fleurissent pas trop tôt. « Des plantes rustiques comme le romarin ou le chêne vert vont à la fois bien tenir le frais de l’hiver et la chaleur », poursuit Joëlle Roubache.

Abandonner la pelouse ?

Quid, enfin, de la pelouse, très demandeuse en eau ? « La pelouse, ce n’est plus forcément une bonne idée ou alors il faut accepter de la voir sécher pendant quelques mois, et reverdir aux prochaines pluies », appuie Jean-Paul Thorez. Joëlle Roubache partage le même avis : « Il faut qu’on évolue et qu’on adapte notre regard : en automne il y a les feuilles qui tombent, en été la pelouse est sèche, ça fait parti des choses à accepter ».

Les deux spécialistes conseillent en effet de « ne pas se battre contre la nature ». « On va peu à peu changer la gamme : il faut s’attendre à ce que certains arbres qu’on a plantés dépérissent. Lorsqu’on les remplace, il ne faut pas hésiter à faire évoluer sa gamme végétale », conclut Jean-Paul Thorez. De quoi ménager la chèvre et le chou.

À voir également sur Le HuffPost : Ces plantes qui envahissent toute l’Europe s’offrent une seconde vie à Montpellier

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