Arrestation du patron de Telegram : pourquoi le Franco-Russe Pavel Durov intéresse la justice française

Le milliardaire de 39 ans est visé par un mandat de recherche émis par des enquêteurs français pour diverses infractions de sa messagerie cryptée.

INTERNATIONAL - Une affaire qui ulcère Moscou. Pavel Durov, milliardaire franco-russe et patron de la messagerie cryptée Telegram, a été interpellé, ce samedi 24 août au soir, à l’aéroport du Bourget, près de Paris. Visé par un mandat de recherche émis par des enquêteurs français pour diverses infractions de sa messagerie chiffrée, il doit être présenté à la justice ce dimanche.

Le HuffPost fait le point sur l’arrestation de cet homme de 39 ans, naturalisé français en 2021 après une procédure exceptionnelle, à la tête de l’une de l’un des services de communication les plus utilisés (et les plus secrets) de la planète.

Accompagné de son garde du corps et de son assistante qui le suivent en permanence, le milliardaire franco-russe a été interpellé vers 20 heures, par les autorités françaises, alors qu’il débarquait de Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. Il avait prévu un dîner à Paris.

Fiché au Fichier des personnes recherchées (FPR), Pavel Durov était visé par un mandat d’arrêt émis par l’office chargé de la lutte contre les violences faites aux mineurs (Ofmin), après une enquête préliminaire pour des infractions allant de l’escroquerie au trafic de stupéfiants, au cyberharcèlement, à la criminalité organisée en passant par l’apologie du terrorisme et la fraude, a expliqué une des sources proches du dossier.

La justice reproche à Pavel Durov de ne pas agir contre les utilisations délictuelles de sa messagerie par ses abonnés, notamment par une absence de modération et de collaboration avec les enquêteurs.

D’après les informations obtenues par franceinfo, les autorités françaises lui reprochent par exemple « d’héberger sur son site des groupes de pédocriminels », échangeant des contenus d’exploitation sexuelle d’enfants et de la production personnelle. Pour ces faits, il va être présenté ce dimanche à la justice à Paris.

Pavel Durov a installé le siège de Telegram à Dubaï, se mettant ainsi à l’abri des règles de modération de certains États à la législation très précise sur le sujet, à l’heure où l’Union européenne comme les États-Unis mettent la pression aux grandes plateformes pour supprimer le contenu illégal.

Avec ses groupes de discussion pouvant accueillir jusqu’à 200 000 personnes, la messagerie est parfois accusée d’augmenter le potentiel viral des fausses informations et la prolifération de contenus haineux, néonazis, pédophiles, complotistes ou terroristes pour ne citer que ces exemples.

« Ça suffit l’impunité de Telegram », s’est félicité l’un des enquêteurs, étonné que le milliardaire, sachant qu’il était recherché en France, ait quand même décidé de venir à Paris. « Peut-être par sentiment d’impunité », a évoqué une des sources proches du dossier.

L’interpellation de Pavel Durov a suscité de nombreuses réactions internationales. « #FreePavel », a publié sur X (ex-Twitter) le patron de la plate-forme, Elon Musk, avant de publier un nouveau message en français disant : « Liberté. Liberté ! Liberté ? ».

L’ancien candidat indépendant à la présidentielle américaine Robert F. Kennedy Jr, qui vient de se ranger derrière Donald Trump, a lui affirmé sur X que « la nécessité de protéger la liberté d’expression n’a jamais été aussi urgente ».

En Russie, où Telegram est un des réseaux sociaux les plus utilisés, les autorisés russes ont accusé la France d’être un pays liberticide. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a affirmé que « l’ambassade de Russie à Paris s’est immédiatement mise au travail, comme il est d’usage » en cas de détentions de citoyens russe à l’étranger.

Rapidement, l’ambassade russe à Paris a aussi accusé les autorités françaises de « refuser de coopérer » avec Moscou, réclamant de connaître « les raisons de cette détention » et « qu’un accès consulaire lui soit accordé. »

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé que Moscou avait demandé un accès consulaire, précisant que puisqu’il avait également la nationalité française, « la France considère que c’est sa nationalité principale. »

À voir également sur Le HuffPost :

Guerre Israël - Hamas : ce que l’on sait de l’attaque du Hezbollah et des frappes israéliennes sur le Liban

Attaque au couteau mortelle de Solingen : le principal suspect se rend à la police et avoue